10°)Braconnages: ( Collages & Décollages pour l’Ailleurs )
Pirate de l’ère, Léon Cobra détourne, découpe, braconne, les mots et les images pour composer un éléphantesque Rébus-Couleurs comme une demande de rançon poétique aux macadémiciens de l’ universelle tristesse.
Mordu par une algue verte à marée basse, j'ai versé des larmes de sel.
Un vampire daltonien m'a dérobé mon argent de poche.
Je n'étais pas assuré contre les catastrophes naturelles.
Ça coûte combien le bonheur ?
J'ai vendu des cigarettes électroniques à des moustiques neurasthéniques.
La foudre est tombée sur le monument aux morts.
Je plaide non coupable au bar de l'Ennui.
Ça coûte combien le bonheur ?
J'ai croisé l'Horreur et l'Avarice à la crêperie de la Corniche.
Les voleurs d'âme se sont installés rive gauche.
Des taureaux de plomb m'ont fait la grimace.
Ça coûte combien le bonheur ?
J'ai noyé mon chagrin sous un noyer plastique fabriqué à Nankin.
Eclusé 16 feuilles mortes et plumé des aras qui riaient
Je signe un chèque en blanc à la pénombre.
Ça coûte combien le bonheur ?
J'ai tranché les maux du sommeil mauve au sécateur cosmique,
donné à boire aux statues de marbre crème,
la jambe gauche fracturée, repliée sur le bas coté.
Ça coûte combien le bonheur ?
Torturé sous la tonnelle d'un jardin public par des bandits manchots,
j'ai démembré l'Imaginaire en taches minuscules,
saisi le code secret des illusions perdues.
Ça coûte combien le bonheur ?
Le père du terroriste végétarien attirait les oiseaux migrateurs
en chantant des psaumes païens à l'orgue de barbarie.
J'ai accroché des pinces à linge au mur du son.
Ça coûte combien le bonheur ?
Je vogue à la dérive sur des rivières en crue.
Un sourire de glaise en rempart inutile.
j'ai brûlé mon dictionnaire de rimes et coupé le fil rouge.
Ça coûte combien le bonheur ?
Je ne sais plus.
Je ne sais plus très bien ce que j'ai écrit depuis 2O ans ; ce que j'ai mis en ligne, ce que j'ai refoulé.
Je ne sais plus très bien ce qui me plait, ce qui m'ennuie, ce que je massacre, ce que je maitrise, ce que je balbutie, ce que je rabâche sans arrêt, ce que je cherche à créer ou à détruire...
Je n'ai plus aucun repaire palpable. J'ai tout balancé sur l'autoroute virtuel comme dans un égout à ciel ouvert. C'est parti dans le tunnel du non-retour, sans radar de contrôle, sans double – trouble, sans accusé de réception...
Je touche, je retouche, je cartouche ...
J'ai ripoliné, vitrifié, caviardé, goudronné, bémolisé, griffonné quelques milliers de pages vierges.
Lits pliants / Jours de gala
intermèdes bleus-pâles signés COBRA.
Je ne suis pas un Serial Seller !
Kymographies en Kouan-Houa / scanners portables pour dialectes-diapositives,
je ne crée rien de neuf. Je rejoue de vieilles séquences.
Trop d’infusions, trop de redifusion.
On produit.
On produit à la chaine ; On produit sous licence. On produit en silence.
On produit brut, fauve, organique.
On reproduit.
On se reproduit .
On reproduit de substitution, on reproduit alimentaire.
On produit logique, on produit gaz carbonique.
On triche, on sous-traitre, on colle, on collectionne : falsification/ fabrication / confection/ cogestion/ congestion / bave à la pression / souscription / Soumission
On se livre de poche.
On se livre des pas perdus.
On se livre d'occasion...
Je ne sais plus très bien pourquoi j'écris.
Je ne sais plus très bien ce qui mérite d'être raconté, d'être partagé.
Je n'ai plus aucune envie de construire, de détruire, de pirater, de plagier, de prouver, d'émouvoir.
Antoine, Edouard, Evariste... c’était la mode des chanteurs contestataires affublés de leur seul prénom.
JMC Crocmort nous présente Armand.
Pas Armand Lomenech, le chanteur anarchiste breton mais Herman-George van Loenhout qui a choisit ce pseudo français.
Le dernier des Mohicans du Summer of Love de
1967.
ARMAND.
Le Hippie aux cheveux de feu.
Protest-singer Hollandais, Armand est devenu « culte » avec une chanson : « Ben Ik Te Min ? ».
Il est décédé en 2015.
Ensemble, nous allons découvrir ce personnage haut en couleurs.
Herman-George van Loenhout est né à Eindhoven le 10 avril 1946, il y a grandi, étudié et a débuté sa carrière de musicien dès 1964.
Eindhoven c’est le berceau de la multinationale Philips, du constructeur automobile DAF et d’autres industries de pointe…Il y a une population bourgeoise et assez puritaine et celle des travailleurs.
En 1964, l’influence des Beatles, Rolling Stones, Kinks, Yardbirds permet aux jeunes Hollandais de bousculer cette bourgeoisie anti-jeunes.
Herman s’intéresse aussi aux groupes de rock, il joue dans un groupe d’amateurs, guitariste et chanteur…
Mais, l’écoute de chansons de Bob Dylan va l’orienter vers le folk-song : guitare/harmonica.
Il est très influencé par Dylan, Woody Guthrie, Pete Seeger et Joan Baez…
Il devient chanteur beatnik dès 1965, adopte le surnom Armand, car il est de la même famille que Donovan et Antoine…
Il écoute « Catch the wind » de Donovan, « La Guerre » et « Pourquoi ces canons ? » d’Antoine, le beatnik Français dont il traduit les paroles.
Engagé par la société discographique Philips, il enregistre son premier disque : »En nou Ik ‘ » = « Et bien MOI ! » avec déjà des paroles critiques.
Le mouvement PROVO va attirer l’attention des jeunes vers tous ces chanteurs de protest-songs.
Le succès n’est pas au rendez-vous pour Armand, il persévère dans la veine folk-song, enregistre un second single : « One of them is me »…
Trois mois plus-tard la radio libre « Radio Veronica » passe la face B du single : « Ben ik te min ? ».
Cette chanson va rester de nombreuses semaines en tête des meilleures ventes en Hollande et même à l’étranger…
« Ben ik te min ? » est une chanson contestataire dans l’esprit de la jeunesse batave, une critique du matérialisme, de la bourgeoisie, des rapports avec l’argent…Avec des mots très crus, Armand pose des questions : « Suis-je trop petit ? Parce que tes parents ont plus d’argent que les miens. « Te min « étant perçu comme petit dans la misère.
« Suis-je trop miséreux ? Parce que ton père conduit une plus grosse bagnole que mon père…
Le refrain martelé avec un jeu de guitare acoustique et suivi d’une ligne «Dylan » à l’harmonica fait mouche auprès des jeunes.
Avec cette chanson, Armand entre dans l’histoire du Nederbeat.
A l’affût de tout ce qui se passe ailleurs en matière musicale, Armand suit de près les groupes américains de la côte ouest : The Mama’s and the Papa’s, Barry Mc Guire, The New Christy Minstrel’s, Jefferson Airplane, Grateful Dead, The Byrds et un certain Scott Mc Kenzie qui connait le succès avec « If you go to San Francisco… »
Armand compose « Blommenkinders » ou « Les enfants-fleurs » qui assure sa renommée, il est considéré comme le chanteur Hollandais de la génération hippie : cheveux châtains-roux, bouclés, des tuniques colorées, des colliers, des clochettes, guitare et porte-harmonica, il se produit partout avec le même accueil chaleureux du public.
Il passe souvent au programme de Avro’s top pop, il devient progressivement un bon vendeur de disques pour Philips.
J’ai eu l’occasion d’entendre ses chansons à la radio flamande, j’ai adoré « Blommenkinders » que je fredonnais sur la route en 1967 !
Fin août 1967, le Festival Jazz-Bilzen en Belgique programmait ce qui se faisait de mieux en ce Summer Of Love : Adam’s Recital, Armand, Wannes Van De Velde, Baudewijn de Groot, Ferré Grignard, The Pebbles et Procol Harum…
De retour d’un trip dans le sud marocain, j’ai pas déposé mon sac de couchage, je suis parti en stop pour Bilzen.
Le vendredi 25 août 1967, j’ai assisté sous le soleil, aux prestations des différents groupes et chanteurs.
Armand se présente seul sur scène, guitare acoustique, porte-harmonica, habits hippies, cheveux bouclés, l’air sympa, tous les hippies sont Hollandais ou Flamands, ils font une ovation pour le chanteur qui termine son set par ses deux grands succès.
Armand continuera à écrire des protests-songs, avec des paroles qui déplairont au label Philips, le fameux « Laat maar » ou « Laisse aller. ».
Il se lie d’amitié avec le chanteur-junkie Wally Tax, il fréquente le Fantasio, le Paradisio et autres endroit connus d’Amsterdam.
Il devient aussi un fervent partisan de la légalisation des drogues douces.
Enregistrant toujours des chansons sous de petits labels pour garder cette liberté artistique dont il a besoin, Armand poursuit sa carrière en sortant six albums de 1971 à 1981.
Un succès à nouveau avec : « Tandem au Maroc » et « Lijpe Harrie » en 1970.
En 1979 : »The Hascich Man » et “Waar is de rest ?”.
1996, il fête ses 50 ans avec un album : « A tribute to Armand »
En 1997 : “Ben ik te min ?” en version ska et instrumental.
Souvent interviewé à la télévision, Armand donnait son avis sur tous les sujets sociétaux, revenant sans cesse sur son combat pour légaliser le cannabis, il sortait alors son shilum, le bourrait de marijuana et tirait d’énormes bouffées, suscitant des attitudes contrastées chez les journalistes.
A la mort de son ami Wally TAX, chanteur de rock, il a interprété en acoustique tous les succès rock’s du groupe The Outsiders, un grand moment de télévision.
Il était devenu un personnage facilement reconnaissable : habits colorés, longue tignasse d’un roux flamboyant, fumant ses joints, avec un air sympa, il n’hésitait pas à jouer partout, en rue, dans des cafés, sans se prendre au sérieux. Marié à deux reprises, s’occupant de ses enfants, il a été à nouveau sous les projecteurs en participant à l’émission TV : « Op Volle Toerens d’Ali B » semblable à « Nouvelle star ».
Regain de notoriété, il joue avec le groupe The Kik, en juin 2015, il sort un nouvel album qui connait un bon succès.
Suivi d’une mini-tournée en Hollande, et dans une salle en Belgique à Kessel-Lo, quelques semaines avant son décès le 19 novembre 2015.
Armand restera un chanteur « culte » par sa chanson « Ben Ik te Min ? », un hippie sympa, un avocat de la légalisation des drogues douces…Pas mal pour un mec qui disait : « Ne prenez pas la vie trop au sérieux, vous ne survivrez pas de toute façon… »
A méditer.
So long ARMAND…
JMC CROCMORT avril 2021.
+Le Rock ... c’est ça !
Nos experts vous proposent les 15 titres incontournables du rock !
7°) Alphabet sans fil conducteur : délires, délits, délices de A à Z.
Cet alphabet ( sans fil conducteur ) se referme sur la 26 ème et dernière lettre Z, dentale sonore.
Zoomsur les Zoroastriens avec ainsi parlait Zarathoustra, poème philosophique de F. Nietzsche ( 1883-1885 )
mais vous pouvez préférer lire Zazie dans le métro, un roman burlesque de Raymond Queneau ( 1959 ).
Zinc, tres beau, pas cher, du tandem Guitton-Nicoulaud fut longtemps l’alter ego de Charlie Hebdo.
Incontestablement l’un des journaux les plus représentatifs de la contre culture hexagonale.
Zinedine Zidane, Zizou, N°1O légendaire, champion du monde de foot-ball en 1998 contre le Brésil achève sa carrière de joueur en 2006 dans une autre finale où il est expulsé pour un coup de boule perdant (cette fois ci )sur un adversaire italien.
Z comme Zorglub, personnage de Bd de Franquin & Greg qui apparaît en 1959 dans la collection Spirou.
Je ne suis pas fan de Frank Zappa ( 1940-1993) auteur-compositeur-interprète adulé par la critique.
Je ne connais pas Odessey & Oracle l’album maudit des Zombies.
Par contre je suis très accessible au blues-rock des texans de ZZTOP.
22 invités : Vincent Galois, Cathy Garcia Canalès, Géraldine Serbourdin, Hervé Mesdon, Bruno Sourdin, Thierry Tillier, Henri Aspic, JP Rémy, Marlène Tissot, JMC CrocMort, Hugo Canesson, Alain Helissen, G. Mar, Jean Azarel, Yves Frémion, DominiqueDelhaye, Andy Vérol, JP Planque, Fadilha Baha, Guy Darol, Lucien Suel.
2°) AVOIR 20 ans en 1968: les graphitis de l'ombre.
FOSBURY - FLOP
Imaginezun monde sans magnétoscope, sans DVD, sans MP3, sans digicode, sans Canal+, sans parabole, sans télécommande, sans ordinateur, sans téléphone portable, sans vidéo surveillance .
Imaginez un univers sans technologie de pointe ( acérée !?! ). Pas de carte à puces, pas de carte de crédit, pas de carte orange, pas de carte bleue, pas de carte Vitale, pas de carte de fidélité, pas de permis à point, pas de distributeur de billets, pas de super-marché, pas de radio libre , pas de fax, pas de TGV, pas de CD,pas de micro-onde, pas de caméscope, pas d’appareil photo numérique, pas de RER, pas de fast food, pas d’internet.
Imaginez les Stones avec Brian Jones et Bill Wyman, Jimi Hendrix pilotant son Experience, jim Morrison ouvrant les Portes de la Perception. Imaginez des rues pavées Boulevard Saint Michel et dans tout le Quartier Latin. Imaginez des stades sans haine avec des maillots sans pub et des footballeurs qui ne crachent pas sur les pelouses. Imaginez des loges de concierge au rez de chaussée de chaque immeuble. Imaginez un monde d’interdits ; contraception et avortement. Imaginez des films de cul et d’horreur aux séances de minuit dans des salles spécialisées. Imaginez le poinçonneur des Lilas jouant à la roulette polonaise. Imaginez 30% de bacheliers. Imaginez des cinémas de quartier avec un programme complet, documentaire,dessins animés, informations, grand film, ouvreuses et entracte. Imaginez des bouteilles en verre consignées. Imaginez du vin rouge ordinaire à 9,5°, 10° ou 11°. Imaginez des Celtiques et des paquets de P4.
Imaginez un service militaire obligatoire d’un an et des étudiants envoyés exprès en Allemagne. Imaginez un passeport bleu, des visas, des traveller’s chèques, des monnaies différentes dans toute l’Europe, des douaniers et des bureaux de change. Imaginez un mur à Berlin, deux Allemagne, une Yougoslavie et l’URSS. Imaginez des dictatures en Espagne, au Portugal et en Grèce. Imaginez un parti communiste français qui pèse 20 % aux élections. Imaginez une guerre au Viet Nam où l’oncle Sam s’embourbe.
Fermez les yeux… Bienvenue chez les Soixant’huitards !!!
Il était une fois la Presse Underground, pour reprendre une formule déclinée par Sergio Leone dans sa célèbre trilogie, débute comme un conte de fée aux lendemains de Mai 1968 , couvre la période 1970-1980 puis se termine en apocalypse par l'arrivée au pouvoir du socialisme, sauce Mitterand, après l'agonie du mouvement PunK.
C'est une clef magique ouvrant les portes de la nostalgie et du Fun.
C'est aussi un travail sur la mémoire, la mémoire des vaincus. L'oeuvre d'un archiviste-alchimiste qui a recomposé cette fresque-stroboscope pour la restituer plus vivante que morte,
C'est une véritable ré-création.
Près de 200 pages d'archives clandestines en noir et blanc ou en couleurs ;des documents inédits, des collages, des bédés, des poèmes, des nouvelles, des photos, des écrits oubliés, introuvables sur la presse parallèle en France.