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Le Tréponème Bleu Pâle
19 février 2008

Eight days a week



UnderBosch


dans la marge...    4 / 5   le Tréponème Bleu Pâle



TBP_34



AVIGNON… été 1974… On vivait, on bouffait , on pissait, on fumait, on baisait, on voyageait, on parlait, on s’habillait, underground, on était

la   PRESSE

UNDERGROUND

!

 

Une version de

la Saga

du Tréponème Bleu Pâle est publiée sur le site de Bernard Bacos (http://paris70.free.fr/la_saga_du_treponeme_bleu_pale1.htm )

Voici un passage sur le festival d’Avignon que je n’ai pas jugé utile de mettre en ligne…

….. Mais déjà nous prenions la route dans une vieille deudeuche-camionette bourrée de presse parallèle pour notre tournée d’été. Aspic avait peint Gaëtan Lerat, notre mascotte, notre emblème sur la portière droite et nous filions vers Avignon. Dans le coffre, une tente de camping, un attirail pour fabriquer des objets en cuir et une malle pleine de revues contenant nos deux numéros, des tracts, des affichettes, et les journaux amis que nous diffusions : Crispur ,le Canaille et

la Jungle Neuve

, le premier album de Rémy. Sur la galerie, deux gaules… en bambou.

 

J’ai un grand cahier de travaux pratiques de collégien à spirales. Sur la page à dessin, je colle des coupures de presse, je planifie des idées de mise en page, de mise en scène, de mise en pièce. Sur l’autre feuille, j’écris des mots, poèmes, formules, invectives, slogans…

 

Les rayons du soleil percent entre le feuillage des arbres qui bordent l’étang.. On a installé notre camp de base au Camping Le Pontet à 5 kms d’Avignon. Un endroit bon marché, paisible, familial, loin des festivaliers rupins. On glande, vaporeux, thé, café, partie de pêche, gâteaux, fruits, cigarettes. En milieu d’après-midi on gagne le marché hippy, un souk baba installé au pied des remparts. Artisans du cuir, dealers, potiers, commerçants bio, vendeurs de tuniques, de bijoux, d’encens, de foulards, de thé, de casettes et disques pirates s’y mélangent ; une faune chevelue, tatouée, déclarée ou sans patente. On y a trouvé tout naturellement notre place,

la Free

’p ! Aspic est très courtisé. On recherche son coup de pinceau unique, son Quetzacoalt, le magic mex sur les ceinturons, les barrettes et les poignets de force.

- Tiens , c’est cadeau ! Manuel, un grand nerveux qui doit carburer au speed, lui balance un cube de H marocain, du zéro, zéro de Keitama.

Ecoute, Henri, on pourrait s ‘associer. Ton badge rond en cuir rouge avec la feuille de cannabis peinte à l’encre verte, c’est trop dément. Tout le monde en veut ! Mais tu bosses trop lentement et tu produis pas assez. Alors voilà ce que je propose. Je fabrique le support avec ma machine, je m’occupe de la teinte et des poinçons. Toi tu te concentres sur la peinture au pinceau, le coté purement artistique et tu personnalises le badge sur commande. Tu piges, on demande 30 francs, 10 pour toi, 20 pour moi. Normal je fournis la matière première et la fixation. Qu’est-ce que t’en dis ?

- Je vais réflèchir. Ok ?

Je les regarde.

- L’été est chaud… Canjuers , les mutineries dans les prisons, le Larzac… L’été est brûlant !

 

 

Aspic_et_Cobra_08_74
 

Aspic et Cobra... plein sud !

 

Le soir, on grimpe Place de l’Horloge vendre à la criée.

- Demandez le Tréponème Bleu Pâle !

- C’est quoi ? fait le trentenaire à moustache me scrutant avec surprise et sympathie.

- La presse libre. Prix d’ami : les deux numéros 5 francs. Avec le pastis, c’est mieux que les olives noires.

- d’accord, ça marche. T’as cinq minutes ?

- ouais, pourquoi ?

- Je suis journaliste au Monde et je dois faire un sujet sur le festival. Pour l’instant j’ai rien trouvé d’original , votre histoire peut m’intéresser. On peut discuter ?

- Ouais… mais là je dois vendre. C’est l’heure de la mauresque et de la parade des comédiens, c’est le meilleur moment, l’apéro-spectacle ; tu piges, on bouffe avec les ventes ?

- Pas de problème je vous invite au resto ; ça sera sur ma note de frais mais sans garantie pour l’article.

- Marché conclu. Je vais chercher mon collègue.

 

 

 

-------------------------------------- 

 

 

Vaseux, on regarde nos deux anglaises mettre les voiles, sac au dos, vers la French Riviera…

- Vous avez lu l’édition du Monde d’hier soir ? nous balancent Thierry et Nadine, le couple de babas qui crèchent à l’angle du bloc sanitaire.

- Quoi ? on émerge de nos duvets.

Thierry tend le journal à bout de bras. En dernière page sur deux colonnes :

… Les grandes vacances… Demandez le Tréponème Bleu Pale…

J’hallucine , Pierre Georges nous a consacrés sa chronique.

 

 

Olivier_M
 

 

 

Au Palais des Papes, à 

la Chartreuse

, aux Carmes, les pièces tintinnabulent, les ventes implosent, plus besoin de se décarcasser… Faut simplement investir dans des boules Quiès.

- Donnez moi le numéro un, j’achète toujours les numéros 1, ça porte bonheur !

- Ah, c’est donc ça le Tréponème ; j’y comprends rien à leur truc !

- j’ai trouvé une faute d’orthographe ; éjaculation avec deux j !

- On peut avoir un exemplaire dédicacée ?

On nous congratule, on nous invite dans le Off. On retrouve Patrick Fontaine, l’ancien bassiste d’Ame Son qui joue maintenant avec Robert Wood and Woodlyns au Théâtre du Chêne Noir. ; on tombe par hasard sur un spectacle avec Pierre Clémenti, tapis rouge pour les Snakes, on se fait bénir par Mouna, grimpé sur un réverbère . Les deux scandinaves abordées près de la cour du d’honneur nous plantent devant le trop fameux pont.

- Merde, c’est rapé …!

- Dommage… De toute façon, elles n’aimaient pas Crumb !

Deux mecs s’approchent de nous. Cheveux longs gras huileux, jeans délavés, tee-shirts rouge et blanc cassé.

- Salut, c’est toi Aspic ?

- Non, moi c’est Cobra.

- d’accord. Aspic, il porte des lunettes… Vous avez combien de numéros ?

- J’sais pas ; une trentaine…

- on vous prend tout. Gardez la monnaie.

Le plus boutonneux des deux me tend un billet de cent francs. Ils se partagent les exemplaires. Un signe d’adieu et disparaissent en sens inverse.

- c’est quoi, ce plan ?

- trop louches, suivons les…

Nous revoici place de l’Horloge. On observe leur manège.

- putains d’enculés ! balance Aspic.

- Faut le voir pour le croire. Le rouge, c’est moi et l’autre, il s’est mis des lunettes noires pour se faire passer pour toi.

- y ‘z’ont un faible pour les blondes. Y draguent que des blondes…

- blonde to be wild !!!

- top nulle ta vanne! Qu’est-ce-qu’on attend pour leur rentrer dedans ?

- on attend un bon attroupement et quand ils auront ferré le poisson, on les démasque et on leur fait perdre la face. A mon avis ils se tireront en courant et on récupérera même nos journaux.. Coup double !

- j’aime pas ça.

- Moi non plus. On vit dans un univers de porcs. Faut mieux se tirer demain matin sinon on va devenir paranos.

- ouais, d’autant plus qu’on commence à s’embourgeoiser ; ça pue le sur place… On the road again !

- On the road again !!! Mais pour l’instant… Vengeance !!!

 

 

Tr_pon_me_Bleu_P_le__Hors_S_rie

 

 

 

.

 

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