NORD HIVER EXPRESS
Pélerin en haillons sombres j’ai pris le train du Nord ce matin
Pour le pays des brumes sans lendemain…
Des guirlandes de Noël décorent les cernes des humains
Je vomis ce cheval vapeur sans crinière, gare à gare
Voyageurs diaphanes, voleurs diurnes, passants hagards
Palais de glace, images nomades, désirs rapaces,
Des mots éclatent dans mon cerveau vorace
Cinq regards en deux lieux Quatre retards en trois yeux Six
étages en cinq heures
Le train tangue Je me souviens d’un canal orangé dans une
ville néon à la chevelure de vitamines chimiques rousses D’un prénom Tina
AMSTERDAM… WETERINGSCHANS 6… PARADISO
Poker menteur de maux moqueurs
Le stylo encre-grain de sable coule arme à larme
Signal d’alarme
Lèvres sur fond de gel Glue sur fond de glèbe Plèbe sur
fond de grève
Un preneur de sons surgit dans le compartiment
Des aiguilles d’acier dans son lobe d’oreille gauche
Son assistant note sur une ardoise Peuple ou POPulace
Une fille en vison coupe mon champ de vision
24 décembre un jour comme un autre pour prendre le train du
Nord
celui du pays plat et des canaux gelés
Je passe la frontière de NUIT sans rien voir
IL y a bien longtemps que plus personne ne m’attend quand
je descends d’un train en marche mon cerveau à la main mais cette fois
j’attends l’arrêt complet
Un couloir de gare, sale, poisseux Y revenir pour trébucher
J’avance, j’aspire des vapeurs trop réelles
Je regarde une fleur sur le trottoir
Elle s’est suicidée il y a quelques heures
Morte apétale…
Comment trouver des étoiles qui sachent rire
Au firmament elles filent
NORD HIVER EXPRESS…. Un wagon rose dans une taverne batave
opiace
C’est le même endroit Je n’ai pas bougé
Voie ferrée Voix brisée
AMSTERDAM… WETERINGSCHANS 6… PARADISO
Léon COBRA / Hiver 1974-1975 / Inédit / Nord Hiver Express