Au début ...
... était ZAZOU
Blues de Seine …
( Paris, 1948 )
Je suis né papillon somnambule au carrefour des Gobelins… aux confins d’Ivry, la charogne d’Antonin Artaud pourrissait encor, momifiée dans son sarcophage de cruauté.
Je suis né zigzag zazou, félin noctambule aux dernières heures de juillet… au 32 rue Dauphine, des zombies troglodytes en chemise à carreaux dansaient le be-bop sans tabou des soleils interdits.
Je suis né lion-statue FFI à Denfert-Rochereau… dans mon ciel astral, la grande âme de Gandhi transmigrait, chevauchant des nuages de Stukas en déroute.
Je suis né, rat musqué STO aux catacombes ex voto quand Jean Sol Partre lavait ses mains sales dans l’eau trouble de la fontaine Médicis.
Je suis né voltigeur lorientais, orienté vers l’Orient, rue de l’Ouest aux losanges de l’aurore quand Boris Soul Verlan crachotait sur vos tombes.
Je suis né I Rouge, voyelle écorchée au Bar Vert au Blue Note à GrecoLand… rue Mazarine sur TSF Air Swing, Joë Louis jappait jazz syncopant d’incultes uppercuts aux quatre poings cardinaux golden ring.
Je suis né anonyme mutin d’une horde XXL de Jean Foutre à l’angle de la rue du Fer à Moulin… à la cave Saint Séverin, Isidore à grands coups de grISOU déballait son clacos, son pathos, son klados. Du Lutèce au Colbert, infinitésimal WXYZ, il bavait, transparent l’alphabet d’une éternité d’aquavit aux stigmates incurables.
Je suis né incrédule aux frontières du burlesque, acronyme COBRA en convulsions spatiales via Copenhague-Bruxelles-Amsterdam… chaussée d’Ixelles, rue de la Paille, un serpent cosmique se lovait en spirales, impudique pictogramme.
Je suis né à Paris un été 48… Cobra sur Univers.