Ma tête est un opéra fabuleux ...
... J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans
Léon Cobra: CapharnaHome du Soleil (Braconnages Prod' )
Invité N°8 : Léon COBRA
Mes préférences vont définitivement vers le dix neuvième siècle avec une exception Bison ravi.
1°) SPLEEN LXXX de Baudelaire.
Dans le recueil des Fleurs du Mal ( 1857 ) se trouve quatre poèmes intitulés Spleen.
J’ai choisi celui ci : Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle…. qui me glaçait d’effroi quand la voix chevrotante du grand Léo Ferré le déclamait en 1969 sur la scène de Bobino... Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
2°) Alchimie du verbe de Rimbaud.
J’ai lu et relu ce passage de la Saison en enfer ( 1873 ). Délires II comme une invitation à l’écriture.
À moi. L'histoire d'une de mes folies.
Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne.
J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs.
Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de moeurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements.
J'inventai la couleur des voyelles ! - A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. - Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.
Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges….
3°) J’voudrais pas crever de Boris Vian ( 1952 mais publié en1962 )
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...
4°) Demain dès l’aube de Victor Hugo ( Les contemplations 1856 )
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends...
Souvenir d’école. L’uniforme républicain ; culottes courtes, porte-plume,encrier, blouse grise, la communale, la récitation et ma première émotion poétique. Je me souviens encore du texte par coeur.
...Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
5°) The Ballad of Readings Gaol (la Ballade de la geole de Reading ). Oscar Wilde 1898.
In Reading gaol by Reading town
There is a pit of shame,
Je connaissais le Portrait de Dorian Gray et puis un jour j’ai découvert ce texte et cette chute :
Le poème se termine par les six vers célèbres :
And all men kill the thing they love, (Et tous les hommes tuent ce qu'ils aiment)
By all let this be heard, (De tous que cela soit entendu)
Some do it with a bitter look, (Certains le font d'un regard amer)
Some with a flattering word, (Certains avec un mot flatteur)
The coward does it with a kiss, (Le lâche le fait d'un baiser)
The brave man with a sword! (Le brave avec une épée !)
Je voudrais pas crever ( Boris VIAN ) par les Têtes Raides