INTRA MUROS ...
... INTERSECTIONS FUTILES
Les meubles ont bougé.
Mes mains se sont figées, béantes.
La terre a-t-elle tremblé ou simplement frissonné ?
Je me suis penché. J’ai toussé.
Un pélican en capuchon noisette a dévasté l’aquarium.
Cinq cents litres d’eau sur le parquet flottant.
La lumière a clignoté.
Les fusibles ont disjoncté.
Comme une craque d’ouragan, une détonnation.
Dehors une sirène a mugi puis s’est tue, impuissante.
Un chevreuil est sorti de l’ascenseur au cinquième étage, porte gauche.
L’eau filtrait à travers le plafond, insensiblement.
La fillette en cirée jaune a ouvert son parapluie citron.
Il pleuvait à verse.
La portière d’une chevrolet customisée a claqué sur le boulevard.
Trois cadavres gisent éviscérés comme les arcanes majeures d’un tarot égyptien.
Deux femmes blondes,sœurs ou jumelles, fixent la scène,effarouchées.
Des girophares clignotent à contretemps sur Teenage Lobotomy.
La chaussée s’est fissurée.
Deux hommes maintiennent une armoire qui chancelle, maladroitement.
La terre a-t-elle tremblé ou simplement crachoté ?
Les aiguilles de la pendule sont stoppées nettes.
Le temps est suspendu
à qui ? Pourquoi ?
Une main fraichement coupée sort du grille-pain.
Pas de bague, plus d’ongle non plus.
Mon cadavre n’aime pas la pluie.