24 SECONDES ...
... POUSSIèRES de PROSE
Québec / Robert Hamel / face B
Amour météore
immense miroir Montréal me renvoie ton image multipliée à l’infini et moi je meurs une larme à la fois
et moi j’habite la démesure du vide derrière le passage de l’amour météore
© Robert Hamel (novembre 2013)
B 418
B418 ta dernière chambre notre dernière nuit toi dans un lit d’hôpital moi assis carré sur une chaise droite toi à l’agonie moi à l’affût enfilant les cafés pour ne pas dormir guettant la grande faucheuse sur le seuil de la porte
B418 Pavillon des soins palliatifs de l’Hôpital général juif matricule funèbre espace du dernier souffle je te répétais : « je serai toujours là pour toi ma rose » mais toujours c’était maintenant
B418 j’ai appris des mots terribles des mots qui tuent et qu’on ne peut empêcher de tuer
B418 je te murmurais à l’oreille : go towards the light my love go towards the light leave your body behind it’s too painful now you don’t need it anymore stop fighting now you suffered way too much you suffered way too long go towards the light my love
B418 cancer ‘s a bitch a goddamned fuckin’ bitch
B418 les mots muets et l’amour qui se noie toi à l’agonie moi à l’affût Hiroshima dans tes yeux le Vietnam sous ta peau et le grand mal qui tue morphine à volonté pour ma fiancée
B418 moi aussi ce jour-là j’aurais bien eu besoin d’une petite shot de morphine
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Robert Hamel, © 2013.