COMBUSTION ...
... Sweet Home CHICAGO
Chicago. Premier jour – sorti du métro en plein Loop, tous ces buildings et l’ombre qu’ils faisaient descendre sur moi je la reçus comme une grâce – quelque chose de nouveau – d’inconnu – comme un mode d’existence en proie au gigantisme me surplombait – tout vacillait tel un bataillon de particules à fortes charges énergétiques qui semblaient s’exhaler des bâtiments eux-mêmes et s’engouffrer sous forme de vagues énormes au milieu des avenues pour m’emporter sur leur passage. Quelque chose comme un excès de force, une tendance vers l’inhumain, un surplus de fantasmes et de libido avait dû être à l’origine de cette ville dont j’appris qu’elle était le fruit d’une sorte de résurrection : la réaffirmation gigantesque de la vie après le grand incendie qui la détruisit à la fin du XIXème siècle.
Deuxième jour. Je fais la connaissance de Jo (un colosse d’origine hongroise deuxième génération) au Celtic Cross et après quelques échanges sur les raisons de mon séjour il m’affirme Je suis un Américain mais je suis anarchiste ! J’encule mon gouvernement. Quelques six pintes plus tard il me dit cette nuit est ta nuit et m’entraîne à travers tout un tas de bars qu’on enfile de taxi en taxi. Nouveau taxi puis nouveau bar type hispanico-hispanique – téquilas, musique forte – piste de danse infestée de damnées qui se secouent pour faire passer le piment dans l’espoir de s’en prendre un autre avant la fin de la nuit mais pas dans l’estomac – salsa et petits trucs apéritifs à se coincer entre les dents sur le bar. Un peu l’envie d’aller faire un tour du côté du carnaval de Rio… Et Jo pas moins connu de ce côté du monde et les biffetons qui se déroulent et moi qui commence à avoir le mal de mer. Tous ces corps en transe qui tanguent sur la piste me donnaient le tournis… Trou Noir.
Tokyo Hôtel. Chambre 1523. Au réveil – les paupières aussi pâteuses que du sang en phase de coagulation et les membres comme de la lave en fusion des grésillements d’origine magnétique illocalisables se transformaient au contact des murs de ma chambre en une ligne mobile et dysharmonique d’acouphènes phosphorescents.
Extrait de Métamorphoses Chicago G. MAR
Collage: LLYS DANA / Jacques Juin