Féline Fébrilité ...
... EX-VOTO
Poème pour Tréponème Bleu Pâle
La descente des eaux
Le toboggan des montagnes
La découverte de l'infini
ou bleu marine
Je descends les rivières agitées
par le flot continu des glaciers
Des hippies nus dans leurs bassins
remuent l'eau claire avec leurs sexes d'un coup de rein
Je me soucie peu des halages fluviaux
qui disparaissent sous les herbes hautes
pendant que la mélancolie des vieux
harponnent les poissons aux queues argentées
Je jette aux lacs en chapelet
mes vieilles frusques déchirées
Arrivé à la mer comme une eau douce
je lave mes plaies de couleur
Des enfants dodus de vacances
regardent les bateaux blancs de plaisance
Ils mâchent les tiges d'herbe
en attendant les goûters de leurs mères laiteuses
Quand la tempête sonne le rivage
d'étranges bois qui sentent le naufrage
marchent à reculons sur la plage
pendant que les galets arrondissent leur fin de mois
Je nage enfin dans les vagues douces
des enfants émerveillés du grand large
Les algues vertes recouvrent mes membres
comme un espoir délaissé pour vivre de rage
Baigné jusqu'à la tête de poèmes
j'abandonne au loin les mots sages
pour attaquer les rochers plein d'assurance
et balloter des vers encanaillés en nourriture de poisson
Les délires bleutés de souffrance
le rougeoiement des arbres d'automne
et le scintillement des étoiles aux nuits noires
s'évertuent à remonter la pente
Je vais crever les yeux des éclairs
courber les bras des nuages blancs
et sur le soleil jeter des pierres infinies
jusqu'au sommeil des montagnes érigées
Benoist Magnat
écrit septembre 2014
Illustration: Alain KUGEL