POST SCRIPTUM ...
... PARLER-CHANTER
La poésie n’est plus seulement écrite et lue.
Un plaisir solitaire un recueil à la main.
Elle est devenue vivante, partagée, avec son phrasé et sa musique.
Aux Etats Unis, Bob Dylan, digne héritier de la Beat Generation, a ouvert les Portes de la Poésie à un nouveau public, plus jeune , plus branché qui a troqué le livre pour le vinyle ou le CD.
Des titres comme A Hard Rain's A-Gonna Fall, Subterranean homesick blues, Mister tambourine man, Desolation row, etc... sur fond musical folk, blues, pop ou rock ont bouleversé la contre culture par de phénoménales chansons à texte.
Dans son dernier album crépusculaire, Rough and Rowdy Ways, 19/06/2020, Bob revendique sa filiation poétique.
I was born on the wrong side of the railroad track
Like Ginsberg, Corso and Kerouac
Like Louis and Jimmy and Buddy and all the rest .
Je suis née du mauvais coté de la voie ferrée,
comme Ginsberg, Corso,and Kerouac
comme Louis, Jimmy, Buddy et tous les autres.
( Extrait de Key West )
https://www.youtube.com/watch?v=G-oOCo1Y1bw
En France, Léo Ferré avait déjà suivi la même démarche avec ses propres textes et en adaptant en musique les Poètes maudits pour mieux les diffuser auprès d’un vaste public.
Les poètes ( Léo Ferré )
Ce sont de drôles de types qui vivent de leur plume
Ou qui ne vivent pas c'est selon la saison
Ce sont de drôles de types qui traversent la brume
Avec des pas d'oiseaux sous l'aile des chansons
Leur âme est en carafe sous les ponts de la Seine
Leurs sous dans les bouquins qu'ils n'ont jamais vendus
Leur femme est quelque part au bout d'une rengaine
Qui nous parle d'amour et de fruit défendu
Ils mettent des couleurs sur le gris des pavés
Quand ils marchent dessus ils se croient sur la mer
Ils mettent des rubans autour de l'alphabet
Et sortent dans la rue leurs mots pour prendre l'air
Ils ont des chiens parfois compagnons de misère
Et qui lèchent leurs mains de plume et d'amitié
Avec dans le museau la fidèle lumière
Qui les conduit vers les pays d'absurdité
Ce sont de drôles de types qui regardent les fleurs
Et qui voient dans leurs plis des sourires de femmes
Ce sont de drôles de types qui chantent le malheur
Sur les pianos du cœur et les violons de l'âme
Leurs bras tout déplumés se souviennent des ailes
Que la littérature accrochera plus tard
À leur spectre gelé au-dessus des poubelles
Où remourront leurs vers comme un effet de l'Art
Ils marchent dans l'azur la tête dans des villes
Et savent s'arrêter pour bénir les chevaux
Ils marchent dans l'horreur la tête dans des îles
Où n'abordent jamais les âmes des bourreaux
Ils ont des paradis que l'on dit d'artifice
Et l'on met en prison leurs quatrains de dix sous
Comme si l'on mettait aux fers un édifice
Sous prétexte que les bourgeois sont dans l'égout
https://www.youtube.com/watch?v=-ZagIWeTdSY
Une curiosité : le britannique John Cooper Clarke, poète-punk qui lui aussi utilise le support musical pour mettre en valeur ses compositions.
John Cooper Clarke: Innocents