ARBRE de BROUILLARD ...
... Hors de Soupçon
Invitée N° 24 : Pascale THOMAS
2 Haïkus de Bashô
Au printemps qui s'en va
les oiseaux crient-
les yeux des poissons en larmes
Dans le viel étang
Une grenouille saute
Un ploc dans l'eau
Tout « Les Illuminations » de Rimbaud et pourquoi pas celui-ci
Sensation
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,
Mais l'amour infini me montera dans l'âme ;
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.
Extrait de l'anthologie Indiens d'Amérique du Nord « Partition rouge ». Auteur anonyme.
Un serpent une fois perdit ses yeux.
N'allez pas ici me jeter le blâme !
C'était le hibou des neiges.
Il jouait à la lune.
Ce hibou ferma les yeux
et s'assit dans un arbre de brouillard
avec sa face blanche.
Le serpent leva son regard à travers le brouillard
et vit sa face ronde
et dit « Lune, montre-moi un repas! »
Alors cette lune descendit et lui prit les yeux.
Extrait de « Le Parcours » d'Edmond Jabès
Le nœud et la subversion
-
Je ne puis connaître autrui qu'à travers moi. Mais qui suis-je ?
-
Le feu connaît-il le feu ?
-
Le bois connaît-il le bois ?
-
C'est au bois qu'il consume, que le feu doit d'être feu ; comme le bois, au feu qui le réduit en cendres, doit d'avoir cesser d'être bois.
La vie, parfois, nous perd de vue.
La mort, sans fin, nous dévisage.
Ecrit modestement par moi et dédié à Thérèse, Pascale Thomas
Dans la chaleur du Plateau*,
Sous de grands et sombres arbres langoureux
Des hommes agenouillés ou assis qui tendent des bijoux, des statuettes.
Or, ébène, ivoire, poussière majestueuse.
Dans la moiteur riante, une 4L trimballe
Deux jeunes filles et une Dame.
Magasins pour achats-plaisir. Quête légère. Gazouillis.
Retour dans la maison ouverte devant/derrière pour
Accueil impromptu. Tout simple.
Les deux jeunes filles sont maintenant des dames.
Et la Dame s'en est allée plus loin.
Or, ébène, ivoire, poussière majestueuse.
Mais parfois, bien des fois,
Dans les rues de la ville, sur les places aux pigeons ou les paliers d'immeubles,
Partout où ruisselle la vie, il y a une instance invisible faite de forces créatrices. Elle nous frôle.
Frêle et tenace forme ondoyante qui entoure et accompagne. Et promulgue, tout simple,
Un message d'amour. Une lueur divine pour nous, la foule restée là.
(Le Plateau* est un quartier d'Abidjan. Côte d'Ivoire)