Le vent est fort et glacial ...
... dans le voeu des regards
Invité N° 19 : Bastien STISI
Hello,
Et voici !
«Lassitude» de Paul Verlaine, Poèmes saturniens (1866)
«Mets ton front sur mon front et ta main dans ma main,. Et fais-moi des serments que tu rompras demain »
Charles Baudelaire, «À une passante», Les fleurs du mal (1857)
Michel Houellebecq, «L’étendue grise». Configuration du dernier rivage (2013)
Par la mort du plus pur
Toute joie est invalidée
La poitrine est comme évidée,
Et l’œil en tout connaît l’obscur.
Il faut quelques secondes
Pour effacer un monde.
Disparue la croyance
Qui permet d’édifier
D’être et de sanctifier,
Nous habitons l’absence.
Puis la vue disparaît
Des êtres les plus proches.
Charles Bukowski, «Vies de merde», L’amour est un chien de l’enfer (1977)
Le vent souffle fort ce soir
un vent glacial
et je pense aux
copains à la rue.
j’espère que quelques-uns ont une bouteille
de rouge.
c’est quand on est à la rue
qu’on remarque que
tout
est propriété de quelqu’un
et qu’il y a des serrures sur
tout.
c’est comme ça qu’une démocratie
fonctionne :
on prend ce qu’on peut,
on essaie de le garder
et d’ajouter d’autres biens
si possible.
c’est comme ça qu’une dictature
aussi fonctionne
seulement elle a soit asservi soit
détuit ses
rebuts.
nous on se contente d’oublier
les nôtres.
dans les deux cas
le vent
est fort
et glacial.
René Char, «Allégeance», Éloge d’une soupçonnée (1988)
Bastien Stisi
Néoprisme - Radio Nova
Lassitude de Paul Verlaine dit par le canadien Yvon Jean.