Crépuscule embaumé ...
... sur tous mes chiffons d'azur
Invité N° 12: JMC CrocMort
LIBERTE.
Paul Eluard.
Une ode à la « liberté », écrite pendant la seconde guerre mondiale, la France étant occupée par les Allemands.
« Pour le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
LIBERTE. ».
Le souvenir de ce poème, le terme « liberté », 1967, cours d’anthropologie philosophique, un prof qui nous bassinait du Jean Nabert et sa conception de la « liberté ».
En ce qui me concerne, liberté = une illusion d’être libre…
Dès la naissance, nous sommes en captivité dans un corps que l’on n’a pas choisi, qui évoluera certes, mais pas souvent dans le sens voulu…
à CUPIDON.
Pierre de Ronsard.
1964, au Collège, j’ai appris par cœur ce poème, pour le réciter devant mes camarades et le commenter.
Cote du prof : satisfaisant.
Ronsard ne comprend pas la flèche envoyée par Cupidon, il en a peur.
Pourtant, il cherche l’AMOUR…
Mais, l’amour qui l’émeut est celui qu’il éprouve pour sa sœur, et il ne veut pas se l’avouer, Cupidon va l’y aider.
A l’époque, j’étais amoureux de la sœur d’un copain, j’ai mélangé mes sentiments et ceux de Ronsard.
Mais quel souvenir ce poème, un vrai chef d’œuvre en ce qui me concerne, il me bouleverse toujours autant.
Le jour pousse la nuit,
Et la nuit sombre
Pousse le jour qui luit
D’une obscure ombre.
L’Autonne suit l’Esté,
Et l’aspre rage
Des vents n’a point esté
Apres l’orage.
Mais la fièvre d’amours
Qui me tourmente,
Demeure en moy tousjours,
Et ne s’alente.
WITH GOD ON OUR SIDE.
Bob Dylan.
Poète, auteur-compositeur, chanteur, sculpteur et écrivain, Prix Nobel de littérature en 2016.
Ce poème est une description superbe de l’Amérique du Midwest, Bob y conte l’histoire de son pays, des indiens, des guerres aussi, des héros, du génocide, des Russes Soviétiques, des nouvelles armes chimiques, de la menace nucléaire, de Jésus Christ…
J’ai écouté ce texte déclamé par deux musiciens de rue, accompagné d’une guitare folk et d’un banjo…
J’ai été bouleversé par les mots écrits, j’ai écouté aussi la version chanson de Bob Dylan et la même émotion était garantie.
LE BATEAU IVRE.
Arthur Rimbaud.
Un texte délicieux quand on le récite à voix haute, le sens des mots, les chemins empruntés, la beauté, une chaude ambiance qui conduit à la « zénitude ».
Des images splendides avec différentes couleurs : « L’eau verte pénétra ma coque de sapin », « Dévorant les azurs verts.. », « J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies », « Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs », « Libre, fumant, monté de brumes violettes », « Noire et froide où vers le crépuscule embaumé »…Ce bateau ivre nous emmène en voyage et nous procure un apaisement bénéfique de l’esprit.
JE NE CROIS PLUS AUX MOTS DES POEMES.
Antonin Artaud. ( 1947 )
C’est en écoutant le groupe de rock « Martin Circus » au début des seventies que le nom d’Antonin Artaud m’a éveillé de ma torpeur.
Son écriture est franchement inclassable, même si on le qualifie de poète surréaliste, il bouscule tout, se révolte, il devient lui-même une véritable insurrection.
Ce poème attire nos esprits vers des endroits inconnus, interdits, il remet en question l’existence même.
Je ne crois plus aux mots des poèmes,
car ils ne soulèvent rien
et ne font rien.
Autrefois il y avait des poèmes qui envoyaient un guerrier se faire trouer la gueule,
mais la gueule trouée
le guerrier était mort,
et que lui restait-il de sa gloire à lui ?
Je veux dire de son transport ?
Rien.
Il était mort,
cela servait à éduquer dans les classes les cons et les fils de cons qui viendraient après lui et sont allés à de nouvelles guerres
atomiquement réglementées,
je crois qu’il y a un état où le guerrier
la gueule trouée
et mort, reste là
il continue à se battre
et à avancer,
il n’est pas mort,
il avance pour l’éternité.
Mais qui en voudrait
sauf moi ?
Et moi, qu’il vienne celui qui me trouera la gueule
je l’attends.
Ces cinq poèmes sont liés à des moments de mon existence, je les relis souvent avec une pointe de nostalgie.
J.M.C. CROCMORT octobre 2020.
Bob DYLAN: with god on our side