... TROIS DISQUES et un COUTIN
à chacun son coin de paradis,
pour JMC Croc Mort, notre érudit-Rock , le sien prend la forme d’une trilogie vinyle
signée Patrick Coutin.
à la découverte des paradis de...
Patrick COUTIN, le flibustier du rock Français.
On ne peut nier une ressemblance physique avec ce vieux « pirate » de Keith Richards.
Patrick COUTIN est un frère de la côte, un vrai flibustier du rock hexagonal.
En 2019, il a sorti trois albums à l’influence paradisiaque : « Paradis électriques », « Welcome To Paradise » et « Obsolètes Paradise ».
C’est l’aboutissement de plusieurs mois de travail en studio.
Ce triptyque est exceptionnel tant par sa diversité que par sa musique rock’frenchie, blues rock, country-rock…
Patrick COUTIN assure à lui tout seul presque tous les instruments, il maîtrise à merveille la rythmique basse/drum’s et son jeu de guitare Gibson sonne à chaque fois très rock’n’roll.
Sa voix rocailleuse et grave fait revivre d’une manière différente des succès français comme « Osez Joséphine » du regretté Alain Baschung, « La musique que j’aime » du regretté Johnny Hallyday, « La fille du Père Noël » de Jacques Dutronc.
Des coups de cœur comme ‘Light my Fire » des Doors, « Like A Rolling Stone” de Bob Dylan et “Summertime » de Georges Gershwin.
On retrouve ces morceaux dans l’album « Obsolètes Paradise ».
« OBSOLETES PARADISE » :
Summertimes : Le morceau de G. Gershwin est assuré par un mix de claviers et le solo de la Gibson de COUTIN, de sa voix caverneuse à la diction alcoolisée, des envolées lyriques, une ambiance fin de nuit au bar « Les Flibustiers ». La rythmique assurée par l’artiste est remarquable de précision. Une version unique de Summerimes.
Osez Joséphine : Un hommage au regretté Alain Bashung, le morceau débute sur un rythme d’enfer, voix grave et limpide, on s’assied à l’arrière des berlines. La chanson dans cette version semble plus douce, il faut amadouer Joséphine, c’est très bon, c’est de l’ART du grand ART.
Chitline Con Carne : Un instrumental du meilleur effet, rythme syncopé, longue introduction, la guitare est omniprésente…On se laisse aller à boire un bon rhum venant de l’île de la Tortue…Morceau très dansant, limite rythm’n’blues.
Fais-moi jouir : Un morceau assez lent, un mix de voix entre Patrick Bruel et Vivien Savage, un chant plaintif avec des yeah yeah…COUTIN a connu un certain succès, on ferme les yeux, on écoute et on regarde les jambes écartées, on jouit encore une fois de cette chanson.
Light My Fire : Une bonne reprise du morceau interprété par The DOORS mais avec une rythmique Basse/Drum’s, la voix de COUTIN magnifie la chanson, elle est profonde, elle allume le feu lentement, avec une envolée de guitare qui nous fait revivre Jim Morrison ! Rien de moins. J’adore cette version, elle est unique.
La Musique Que J’Aime : Cette chanson fut un grand succès pour et par Johnny Hallyday, la version de Patrick COUTIN prouve sa connaissance et son éclectisme en matière de rock’n’roll. Il utilise sa voix grave, enrouée pour entourer ce morceau du plus profond blues. Il respecte cette musique, mais s’approprie la chanson avec son feeling personnel.
Superbe version, on en redemande. Contrairement à Hallyday dont le rythme rock est infernal, COUTIN préfère un tempo lancinant et un chant « bluesy » à la limite du chant plaintif. L’ambiance de cette chanson est magique.
J’aime regarder les filles cut-up 21 :
Son grand succès commercial dans les années 80
La voix de COUTIN est lointaine, couverte par la musique et par des bruits de vagues, du vent et des pas sur le sable…
Ce grand succès discographique a été remixé à de nombreuses reprises avec toujours des innovations étonnantes, mais ce remix est le plus abouti !
C’est beau, on atteint des sommets dans l’art de sublimer une chanson.
On prend du plaisir à écouter, à rêver de ces filles qui marchent sur la plage…J’aime !
Like a Rolling Stone :
Patrick COUTIN débute son hommage à Bob Dylan par un chant déclamé sur une musique sensuelle agrémentée d’une délicieuse touche d’harmonica…Puis le chant monte en puissance mais reste très blues, c’est un bel hommage à Robert Zimmerman.
Cela ne vaudra jamais l’original avec The Band ni la version des Stones où la rythmique magique de Bill Wyman/Charlie Watts fait des merveilles.
La Fille du Père Noël :
Une version plus speedée de la chanson de Lanzman/Dutronc pour la musique, mais la voix reste désinvolte au début pour monter en puissance dans l’interprétation.
Très différent de Jacques Dutronc et du copié/collé de David Bowie avec The Jean Genie.
Pour ma part, je préfère la version couplée des deux morceaux chantée par Beverly J. Scott et Arno qui dépasse en puissance et en originalité tout ce que cette chanson peut apporter.
Ce morceau clôture le premier vinyl du triptyque.
Passons aux chansons composées en anglais par COUTIN :
« Welcome In Paradise » :
I GUESS : C’est un blues-rock lent, répétitif avec la voix caverneuse de COUTIN qui devient plaintive avec des intonations « Jaggerienne » quand il monte en puissance, on peut imaginer son sosie Keith Richards l’accompagnant dans ce morceau ? Du pur bonheur que ce blues.
YER BLUES TRAIN : La guitare basse guide ce morceau que je qualifierais de country-blues, rythmée par un bruit de train qui accompagne cette chanson digne d’un western avec « long way home » comme refrain.
LET IT GOES : Un blues nostalgique où Patrick COUTIN nous invite à entrer dans la nostalgie du paradis, cette chanson sort des tripes de l’auteur, j’adore le tempo lent.
IN THE BLACKOUT : Un rock rageur, dévastateur, la voix à la « Muddy Waters », un rythme syncopé et entraînant. Ce morceau est un « must » pour la scène. A l’écoute COUTIN me fait penser à Bob Dylan très rock’n’roll : quelle référence ! Le meilleur morceau du vinyl.
SHOUT : La suite inégale de « In the blackout », un tempo métallique, un « shout » répété, une chanson hypnotique pour arriver lentement à une version très bluesy, la « ligne claire » de Welcome in Paradise. L’invitation est précise : « Let your mind blind » c’est beau à en pleurer, c’est intemporel. Pas envie de rester aveugle ni sourd sans avoir vu Patrick COUTIN en LIVE !
BY THE SEA (JENNER) : Les bruits de la mer, des vagues pour une ballade rocailleuse par la voix, mélancolique et romantique par le texte et la musique, « baba cool » comme chanson…On se laisse bercer !
THE SPIRIT THE FLESH : version “English” de “My oh My” eh oui.
Une ballade country-rock très sudiste, on y sent et respire les influences du Texas, avec un très bon refrain « My oh my » qui me fait penser à Bob DYLAN
GET IN THE GROOVE :
Guitare légèrement « fuzz » et utilisation de la pédale « wah wah » pour un blues assez rythmé au départ qui devient plus électronique avec des effets vocaux très réussis, c’est dansant comme « J’aime regarder les filles », ce morceau aurait pu réaliser un parcours parfait si COUTIN l’avait voulu ?
FEEL THE FREEDOM : Un rock lugubre, crépusculaire aux rythmes lents et répétitifs avec une voix d’outre-tombe, on pourrait penser à l’influence de Marylin MANSON ? Une chanson vraiment géniale.
PARADIS ELECTRIQUES :
HOW DO YOU DO SERGE ?
Un hommage à Gainsbarre, COUTIN utilise sa voix grave pour sensibiliser la chanson avec une guitare planante, Serge se sent très bien où il est et remercie Patrick.
PAS TRES LOIN DE MINUIT :
Une solide ballade rock’n’roll très dansante, que n’auraient pas désavoué Alain Baschung, Vivien Savage et Daniel Darc. Le texte est nostalgique avec un refrain super ! J’écoute ce titre en boucle tellement c’est beau.
PARIS LA NUIT :
Les cloches de Notre Dame résonnent d’entrée, COUTIN nous entraîne dans Paris, la nuit.
Les paroles sont très sombres, la musique est triste, on sent la présence de Daniel DARC qui déambule dans les rues de Paris en criant son spleen. J’accroche pas à cette chanson.
OH MON DIEU : Rythme d’enfer, c’est Alain Baschung qui chante, la rythmique COUTIN est absolument géniale, avec des « slices » de guitare qui vous emmènent au PARADIS.
LE PARADIS : Du rock-garage made in France, cela débute fort, une vague ressemblance avec le « GLORIA » des THEM mais c’est du COUTIN avec ses cousins Irlandais, excellent comme morceau, qui pourrait devenir « culte » ?
FREDDA : Petite ballade blues avec le clin d’œil à feu Christophe, voix nasillarde très beat generation. Morceau pour remplir le triptyque ?
TOUS AUX ABRIS : Le son des Stones et le style de Baschung, bon sang ne peut mentir, la filiation rock’n’roll est établie avec un riff de guitare que ne dédaignerait pas Keith Richards !
MY OH MY : version « Frenchie” de The SPIRIT The FLESH, agréable chanson qui ne fait pas oublier l’originale. SORRY.
MARYLINE EST FOLLE : Un bon petit rock du style « Téléphone » nerveux, mais sans conviction. Assez faible par rapport aux joyaux déjà entendus.
BIBERON PAS PRÊT BLUES : Du réel punk-rock, avec riff démoniaque, Fred Chichin n’est pas loin, c’est Rita MITSOUKO versus mec ?
C’est vraiment un must.
Ces trois vinyls sont indispensables à tout qui s’intéresse au rock « français » dans la mouvance de Jean-Louis AUBERT, Axel BAUER, Louis BERTIGNAC, Alain BASCHUNG, Vivien SAVAGE, Paul PERSONNE et beaucoup d’autres…
Quelques mots sur Patrick COUTIN : En 1968, il arrive à Paris et son joli mois de mai, venant de Tunisie gouvernée par Bourguiba, les événements lui explosent à la figure…Très bon moyen pour trouver sa liberté.
Très curieux, COUTIN s’intéresse à la littérature révolutionnaire, la philo et la musique, il devient déjà un « touche-à-tout », il voyage vers Ibizza, Tanger en 1971 où je dois l’avoir croisé aux hasards des rencontres beatniks dans le petit socco ?
Il est pour la « beat-generation », la contreculture, il voyage à nouveau dans le nouveau monde : Californie, Mexique et Canada.
En 1977, c’est l’explosion du punk, il revient à Paris, fonde le groupe de rock : REVOLVER ( clin d’œil aux Beatles !), féru de rock, il devient collaborateur aux magazines Rock and Folk et Rock en stock avec des articles très pointus.
Il envisage d’enregistrer ses propres compos, mais il essuie beaucoup de refus alors que son écriture est très bonne, il a déjà écrit des polars !
Il enregistre néanmoins au château d’Hérouville son premier album qui sort en 1981 chez EPIC avec le succès « J’aime regarder les filles… »
En 1983, second album assez noir : « Un étranger dans la ville ».
En 1985, nouveau succès avec le single « Rends-moi mon cœur gamine »
Cinq ans plus tard c’est : « Fais-moi jouir », puis un live en 1993, en 94 c’est « Aimez-vous les uns les autres ».
COUTIN part au Texas en 1996, j’y traîne mes « Durango’s » aussi du côté de Galveston et Corpus Christi…
Il revient et publie un nouvel album super bien ficelé : « Industrial Blues », mais trop peu connu.
Déçu, notre flibustier du rock navigue en mer méditerranée pendant quelques années. En 2008, il y a un remix de son grand succès par le DJ Bob SINCLAR qui le replace un peu dans l’actualité.
En 2010, sort un album « country » : Le Bleu, puis « Babylone Panic » très rock.
Il participe à la tournée Stars 80, et enregistre pendant plusieurs mois le fameux triptyque du Paradis…
En 2019, sort ce coffret que je vous invite à acheter sans tarder, car il va devenir un sacré « collector » sous peu !
Patrick COUTIN est vraiment le flibustier du rock hexagonal.
Un coup de chapeau à l’artiste.
J.M.C. CROCMORT / mai 2020.