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Le Tréponème Bleu Pâle
27 septembre 2019

RIPAILLES ...

 

... ENTRE deux OS

 

 

Guest Star

 

GUEST STAR N° 22 : Vincent GALOIS

 

Vincent Galois

Jesuis né par désir charnel

	fruit d'uneffort fourni
je vis par abus de faiblesse 

ami virtuel

 

Vincent Galois a dérivé hagard dans les couloirs des universités

avant de terminer serein au buffet de la gare juste avant sa fermeture définitive.

Normal d’échouer à 42 ans à la une du Tréponème Bleu Pâle.

 

Gambit du Fou ! Une figure qu’il pratique à merveille.

De la hargne, un brin d’amertume et une ironie corrosive … c’est ça la liberté  !!!

 

C'est à moi que tu parles ?

 

On a tous un côté Travis Bickle, enfin je ne sais pas pour vous, mais moi oui. Rien à voir avec le taxi, ni même avec le driver. Quoi que mon PC pourrait faire office de taxi pour mes insomnies, mais c'est pas le sujet. Fatalement, je finis par me dire que c'est moi qui suis inadapté, tout du moins en décalage avec la réalité, disons plutôt avec la société dans laquelle je vis. Je me répète qu'autant de connerie et de mépris, ça peut pas être possible, réellement j'entends. J'ai beau regarder autour de moi, c'est à dire au delà des 50 mètres qui constituent ma zone de vie habituelle, partout c'est la merde. Y a un truc qui a merdé dans la matrice, une anomalie qui s'est propagée. Je n'en suis plus au stade où je regardais d'un œil distant mes contemporains, ni à jouer les baba en relativisant du genre "ouais, je comprends que tu sois déçu par l'homme, mais faut voir aussi les choses positives". Oui, les choses positives. Comme on dit dans ces cas là, faut pas généraliser. Certes, mais quand plus de la moitié de l'humanité devient débile, totalement décérébrée, abreuvée de Tweets, Like et autres Fakes, il m'est difficile de ne pas faire dans le global. Moi, jeune poussin qui fut bercé sur les albums de Cat Stevens, Marianne Faithful et MC5, entre autres, j'ai clairement mal aux dents à force de ruminer. Je voyais mon daron décharger sa pile électrique sur des albums rageurs, pleins de philosophie, d'angoisse et de colère. Sûrement que ces mecs voyaient le merdier dans lequel on allait se retrouver, vu qu'ils étaient eux-mêmes dedans jusqu'à la garde. Et j'ai fait la même chose en grandissant. Je me suis abreuvé des Doors, Sonic Youth et Thiéfaine, en faisant des pauses avec Lard Free ou Gong... Je ne suis pas en faveur d'un retour en arrière, d'ailleurs je me posais la question récemment : si l'on va en arrière c'est forcément un retour ? Ne peut-on pas faire marche arrière sans suivre le même chemin qu'à l'aller ? Parce que si tel était le cas, alors je n'aurais pas besoin de faire attention à ce que je dis, à ne mettre mes pieds que là où l'on m'autorise à les mettre. En fait, j'en suis arrivé à la conclusion que le problème, celui qui fait sortir mon Travis Bickle de ses gonds, c'est que nous sommes des milliers à tanguer sur un radeau, au gré des vagues : dès que l'on pense atteindre enfin la plage, le ressac nous emporte à nouveau vers le large. Nous sommes des migrants à qui l'on fait croire qu'on se préoccupe de leur sort, mais en fait la seule chose qui compte c'est de faire un plan large et net, un zoom rapide sur une femme qui tient son môme comme si c'était l'enfant Jésus, et un petit commentaire insipide d'une pouffiasse qui, sur un rafiot pourri au milieu d'un drame humain, a tout de même pris soin de se vernir les ongles. Faut pas déconner, un peu de respect pour nos hôtes, qu'elle a dû se dire avant d'y aller... Et l'on nous balance des images de la soute, avec tous ces gens entassés comme des poissons morts... Tu sais à quoi je pense, en voyant ça ? Aux galères du commerce triangulaire, aux bagnards enchaînés les uns aux autres, aux trains de la mort en Allemagne... J'ai tout mon Moi qui refoule, mais y en a trop, beaucoup trop, il peut plus suivre. Ah mais pardon, il ne faut pas parler de ce sujet là, parce que c'est "triste", c'est "pas cool", c'est du "oui mais qu'est-ce qu'on peut y faire ?", ou mieux tiens, j'ai aussi entendu celle là que j'adore "bah, ils ont choisi aussi, hein, on les a pas mis de force au fond d'une cale". Allez, c'est l'entracte, et pendant que ces cons là vont chercher un magnum dans le congélateur, j'astique le mien, de magnum, juste que c'est pas le même parfum. Un jour, ma nana me sort d'un air effaré "putain t'as bien regardé les journaleux, on dirait des robots, des Androids, vraiment !". Je lui ai refilé un verre de vin blanc, un bisou et un bouquin de K.Dick, et je lui ai conseillé de faire gaffe, dire une vérité c'est pas trop tendance.

 

Au boulot, enfin à l'époque pas si lointaine où j'en avais un, j'ai essayé de discuter un peu, histoire de m'intégrer. Bon, en fait c'était carrément une désintégration, un suicide social. On fume un clope à la pause, et je demande si quelqu'un comprend pourquoi on envoie des ados prépubères faire passer des messages, faisant référence à la petite Greta Thunberg qui, quand elle aura fini de sucer soniceberg, euh pardon, son ice-cream, pourra envisager sereinement sa psychanalyse pour les trente ans à venir. Vu la réaction de mes collègues, c'est à dire à peu près celle d'un lama devant une photo du TGV, j'ai vite changé de sujet pour parler du Yémen. Re-lama. Bon alors j'ai re-changé de sujet pour parler de la mort de Jacques Higelin, arguant que sa disparition était pour moi comme la disparition de l'un de mes organes. Du coup, là il y a eu réaction, je cite : "ahhh mais Corbier aussi il est mort, j'ai vu ça l'autre jour à la télé !!, tu sais, Corbier, du club Dorothée !".

 

OK. Inutile d'insister. J'ai rageusement brûlé ce qu'il restait de mon chameau cancéreux et je suis reparti bosser. Attention, je n'ai rien contre Corbier, je ne dis pas que sa mort ne compte pas, mais disons que j'ai plus d'affinités avec Higelin. Enfin, j'avais...(putain j'ai encore du mal à y croire aujourd'hui). Y'a des gens comme ça, tu crois qu'ils sont éternels, vraiment. Bien vivants, tu te dis en les voyant, c'est impossible que ce mec meure, que cette nana passe de vie à trépas, et quand ils sont morts, tu te dis "non, pas possible", et t'arrive pas à concrétiser l'idée.

 

Bref. Après cette journée difficile, je vais chercher de quoi gérer ma beuverie quotidienne de bon poète malade chez Monoprix (qui n'a rien de "Mono" à part les enceintes grésillantes qui rappellent au mamies que le sonotone, c'est monotone...) et je sais que cela se résume à deux minutes pour choper mon breuvage, et dix à douze pour attendre en caisse avec un imper beige et un foulard Hermès devant moi. Attention, je respecte les petites vieilles, soyons clairs. Seulement, savoir qu'une de ses congénères s'est faite opérer le poignet vendredi dernier parce qu'un fou furieux, un jeune, oui oui, sûrement drogué, il venait juste de passer le permis et je ne comprends pas comment on peut leur donner le permis à ces jeunes, tout de même il avait du boire aussi, oui c'est comme ça aujourd'hui on tolère tout alors ils se permettent de faire ce qu'ils veulent, mais oui, bah tiens...donc savoir ces choses me laisse dans l'expectative. Je me suis permis de mettre un terme à ce navrant constat, en passant ma grosse tête entre la vieille et la caissière, pour les informer que moi aussi j'avais mal au poignet et que ça m'ennuyait beaucoup de ne plus pouvoir me branler alors du coup je me suis mis à boire mais là il faudrait peut-être activer le mouvement parce que derrière ça gueule sévère, merci mesdames.

 

Une fois la petite vieille éclipsée, après une bonne dizaine de regards hagards dans ma direction, la caissière n'a pas daigné me dire un mot, ni même me regarder (à ce niveau là, j'avais ma dose). Les gens derrière moi se marraient, d'autres non. Le monde est comme ça. Tu en vois qui se marrent comme des baleines devant de jeunes abrutis qui sont drôles comme un autobus un soir d'octobre, que parfois même je cherche tellement où est le trait d'humour que je me demande si j'ai pas vrillé... Tu en vois qui se préoccupent de savoir si la commune va organiser ou non la Félibrée, et qui utilisent les pages "International, la Corée du nord procède à un nouvel essai de missile balistique" pour éplucher les patates. OK, j'avoue avoir aussi utilisé ces pages pour la litière de mon chat, je m'en souviens parce que j'ai dit à mon chat "tu vas chier sur Donald Trump, fais toi plaisir !".

 

Le greffier m'a jeté un coup d’œil genre "mec, je suis un chat, j'emmerde le système". En épluchant mes patates, j'ai vu un article : "la prime de noël reconduite pour les demandeurs d'emploi".

 

On galère comme des dingues, pour la plupart, mais ça me déprime tellement parfois, parce que j'imagine trop la scène dans les chaumières : "Hey chérie, la prime de noël est tombée, tout le monde dans le Scénic !! On va chez Leclerc, y'aura des knackies avec la purée ce soir !!".

Je termine en citant Thiéfaine " ...le monde est aux fantômes, aux hyènes et aux vautours..." (Alligators 427, écrite en 1979... on est en 2019).

 

OXY-GèNE

 

Pourquoi tu pleures

 

Le bébé pleure

il y a de la merde dans sa couche

il faut nettoyer tout ça

et vite

 

Si tu savais, bébé

les paquets de merde

que tu vas

lire

voir

entendre

sentir

toucher

 

TU SAURAIS PARFAITEMENT POURQUOI TU PLEURES

 

Inhospitalité

 
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