JOLIES CHOSES ...
... Midnight to Six Man
Les plus jolies choses ne sont que des ombres ( Charles Dickens)
JMC CROC MORT
présente:
THE PRETTY THINGS.
Début des sixties, à Londres, la musique explose dans le fameux British Blues Boom avec Alexis Korner , Cyril Davies et John Mayal…
Ils vont être suivis par une grande partie de la jeunesse anglaise.
Bien sûr, il y a la beatlemania qui fait des ravages, mais le blues est une musique plus envoûtante, et il faut assurer aussi une concurrence saine face aux Beatles.
The Beatles jouent au départ du rock’n’roll, The Rolling Stones jouent du blues : c’est cela qui va les différencier.
THE PRETTY THINGS c’est d’abord la photo parue dans le mensuel Salut les Copains, on y découvre des mecs avec des cheveux sur les épaules !
C’est une photo-culte !
Des mecs qui osent se balader avec une telle coupe de tifs, méritent tout mon respect.
Et, en plus, ils jouent la musique que j’aime.
Le N° 37 du mensuel présente en août 1965, les nouveaux groupes anglais qui font fureur à LONDON.
La couverture de SLC nous montre les Rolling Stones avec Brian Jones en pleine gloire…
Mais le flash c’est Phil May, chanteur-harmoniciste du groupe The Pretty Things avec Dick Taylor, ancien bassiste des Stones et le batteur fou : Viv Prince !
Viv Prince a inspiré le jeu de l’autre cinglé des drums : Keith Moon du groupe THE WHO.
Mais reprenons leur histoire par le début : en 1962, Dick Taylor joue de la basse dans un groupe Little Boy Blue & The Blue Boys
Ce groupe comprend outre Dick, Mick Jagger, Keith Richards, Brian Jones, Ian Stewart et occasionnellement Jeff Bradford guitariste et le batteur Tony Chapman, ami de Mick.
Dick est pote avec Keith et Mick, ils se sont connus au Art College.
The Blue Boys, baptisés Rolling Stones, se produisent au célèbre Marquee Club en remplaçant The Blues Incorporated d’Alexis Korner…12 Juillet 1962.
En novembre, Dick quitte le groupe, poursuivant ses études au Sidcup Art College de Londres.
La rencontre avec Phil May, lui aussi passionné de blues, vaguement pote avec Mick Jagger, Keith Richards, va obliger Dick a se remettre à la guitare mais pas comme bassiste.
Ils prennent le nom : The Pretty Things tiré d’une chanson de Bo Diddley, sont rejoints par John Stax (basse) Viv Andrews (drums) et Brian Pendleton (guitare).
On les oppose dès le départ aux Rolling Stones, ils sont plus « sales » leurs cheveux sont plus longs et leur musique est plus violente…
Cette comparaison va leurs rendre une carrière compliquée.
La musique des « pretties » est teintée de blues et de rythm’n’blues dès le début, Viv Prince remplace très vite Viv Andrews et le groupe joue de plus en plus de concerts dans les clubs dont le célèbre Marquee Club.
L’arrivée de Viv Prince influence leur musique, le jeu de scène de Phil May qui fait virevolter sa longue tignasse en jouant du tambourin et des maracas…
Ils enregistrent pour Fontana : « Rosalyn » qui se classe honorablement, puis vient « Don’t bring me down » qui leurs assure un bon succès.
Sur scène, c’est un déferlement de guitares saturées, un jeu de batterie tout en roulements lourds, un harmonica plaintif et le chant assuré de May.
Le public est conquis, la longueur des cheveux des jeunes anglais prouve que Phil May a révolutionné la manière de se peigner !
En 1965 : premier LP : The Pretty Things est un succès d’estime.
Ce seront les EP’s qui se vendent mieux : « Midnight to six, man » le morceau de gloire du groupe, une interprétation sublime sur scène.
Phil et Dick commencent à composer pour le groupe des titres supers : « L.S.D. », « Buzz the jerk » et « You don’t believe me »…
C’est rock, c’est carré et c’est surtout du très bon rythm’n’blues.
Un second LP « Get the picture” sort et ne rencontre aucun succès, de plus, leur image provocante, les interviews truffées de jurons à l’anglaise, les scènes alcooliques les rendent peu fréquentables.
Viv Prince, victime de ses addictions, est remplacé par Skip Alan, puis c’est le départ de Stax vers l’Australie et de Pendleton, suite à une grave dépression.
Néanmoins, le groupe se retrouve en studio pour Fontana, ils sont rejoints par le bassiste Wally Allen et un multi-instrumentiste John Povey.
Ils composent tous les titres de leur futur album, celui-ci est trafiqué par un arrangeur du son qui y ajoute des cordes et des violons, ce qui change du solide rythm’n’blues qu’ils jouent d’habitude.
« Emotions » ne se vend pas, le contrat Fontana se termine, The « Pretties » signent pour EMI en 1966.
En 1967, c’est la musique psychédélique de Jimi Hendrix, The Cream, Pink Floyd, The Move et d’autres…
The Pretty Things s’y engouffrent, ils sortent “Defecting grey” en single, un long morceau planant qui augure du reste ?
Et, quel reste !
Le groupe va enregistrer dans les studios Abbey Road, sur les instruments des Beatles, le tout premier opéra rock, basé sur une histoire écrite par Phil May : S.F. SORROW.
Ce LP est la lettre de noblesse des Pretty Things.
Mais, l’histoire du rock retiendra « Tommy » du groupe The Who…
Le groupe participe aux deux premiers festival de l’île de Wight, puis à Amougies en 1969…
Des départs, des arrivées dans le groupe, un nouveau LP : « Parachute » qui est classé comme meilleur album de l’année 1970 par Rolling Stone magazine.
Mi 1971, le groupe se sépare pour se reformer fin de l’année avec un nouveau manager, ils signent chez Warner, en 72 : « Freeway Madness », puis un hommage de David Bowie qui a repris deux chansons du groupe sur son album « Pin Ups » leurs permet de continuer et, en 1974, ils signent pour Swan Song fondé par Led Zeppelin, enregistrent deux superbes albums : « Silk Torpedo » et « Savage Eye ».
Découragé par les insuccès, Phil May quitte le groupe qui se dissout.
Renaissance en 1978, avec une formation classique : May, Taylor, Allen, Alan et Powey pour un concert unique aux Pays Bas.
Depuis, The Pretty Things, avec des changements fréquents de personnel, se produit bon an, mal an lors de festivals, de concerts.
Un LP magistral donne une idée de ce qu’est un concert du groupe : « Live at the Heartbreak Hotel » en 1984.
Une édition en 11 Cd’s reprenant l’intégrale des « Pretties » a vu le jour et a connu un certain succès.
J’ai vu ce groupe à de multiples reprises, à chaque fois, j’ai été subjugué par la maîtrise de Phil May et de sa bande.
Premier concert au festival Jazz de Bilzen en Belgique, le 23/08/1968, ils partageaient l’affiche du vendredi avec THE MOVE…
Un très grand souvenir.
J’avais rencontré une bande de Liégeois, fanas des « pretties », on se voyait au gré des festivals, on comparait la longueur de nos tifs, bref le bonheur total.
Le dimanche 6/12/1970, j’ai revu le groupe à Zele, j’y étais avec ma petite amie qui habitait en face de la salle, on a pu y voir aussi le groupe Hawkwind.
Le lundi 2/10/1972, c’est au théâtre 140, à Bruxelles que j’ai rencontré The Pretty Things, la bande de Liégeois était au rendez-vous, on a discuté avec le guitariste du support-act The Variations, un certain Marc Tobaly…
Sympa comme guitariste, talentueux, un bon groupe avec un chanteur d’enfer.
Mais, le « must » était Phil MAY en pantalon serrant à fleurs, sur des boots à talons et la crinière au vent…
Un show exceptionnel avec tous les hits de ces légendes du British Beat.
Ils sont depuis toujours sur la route du Rythm’n’blues, en Allemagne souvent, en Scandinavie, en Grande Bretagne, en Belgique (au Spirit of 66), en Espagne et en Hollande.
Ils sont devenus, à la longue, très « classe » EH OUI !
Mais, leur spectacle est sensationnel, reprenant tous leurs classiques.
Longue route pour The Pretty Things. J.M.C CROCMORT 2018.
Lire également sur:
http://paris70.free.fr/amougies69a.htm
mon récit sur la prestation des Pretty Things à AMOUGIES.
Extrait de leur opéra Rock:
The Pretty Things "S.F. Sorrow Is Born"