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Le Tréponème Bleu Pâle
4 novembre 2014

VERTIGES ASCENSIONNELS ...

 

 

... Détours familiers

 

 

 

MoyenneSup2000

 

L’importance de la perspective

 

Comment transformer des images en mots ? Je ne sais jamais par où commencer, surtout quand il faut raconter. Décrire implique une marge d’erreur. Un degré d’interprétation difficile à mesurer. J’écris : Je ne sais plus voir mon paysage quotidien. Je suis dans le train. Je ferme les yeux et j’essaye de redessiner mon appartement de mémoire. J’écris : Chez moi, la télé sert d’étagère, elle n’est pas branchée, de toute manière elle est en panne depuis des années. Chez moi, la porte de la chambre grince, le parquet est usé et les vitres sont sales. Tout ça, je le sais, mais la plupart du temps, je n’y pense pas. J’écris : Est-ce que l’habitude rend aveugle ?

 

Derrière la fenêtre du train, des cerisiers presque en fleur. Puis des immeubles, des forêts, des villages, un clocher. Derrière la fenêtre du train, un film sans paroles. Foncer dans le décor à grande vitesse. Partir. Loin. Je voyage rarement. Ma vie est collée à un lieu que je ne sais plus voir. Quand je dois m’en aller, il faut tirer très fort, m’arracher du mur comme une vieille tapisserie. J’écris : Chez moi, il n’y a pas de papier peint. Les murs sont blancs. Je raye mes derniers mots et j’écris : Je suis une fleur de tapisserie.

 

Dans le train, une voix annonce le nom des villes où l’on s’arrête. Des villes que je n’ai jamais visitées et ne visiterai peut-être jamais. Terminus. Le ciel du Nord est presque aussi bleu que mon ciel du sud. Je m’étonne de m’en étonner. J’écris : Ne pas croire tout ce qu’on raconte.

 

Dans les rues, mes pas à quelques centimètres au-dessus du sol. Je ne marche pas, je flotte. De quelle autre manière décrire cette impression ? Dans l’eau, on ne porte plus le poids de son corps. Quand je suis dans un lieu inconnu, j’ai cette même sensation d’apesanteur. Ma carcasse s’évapore. Il ne reste que mes yeux. J’écris : Je me demande pourquoi on ne regarde pas de la même manière le paysage qu’on habite et celui qu’on découvre. Je pense : Quand je rentrerai, je regarderai mon décor quotidien comme si je venais de le rencontrer. Je me fais souvent des promesses. Je les tiens rarement.

 

Un café en terrasse. Bien meilleur que le mien, toujours un peu lavasse. J’écris : Parfois, je bois une deuxième passe. Je fais des économies sur la mouture. J’aimerais être un peu moins précaire.

 

J’écris : Terrasse, soleil, les gens passent. Je les trouve terriblement grands. Par la fenêtre en haut de mon immeuble, les passants ressemblent à des petits soldats. J’écris : Ne pas négliger l’importance de la perspective. Quand je rentrerai, dans quelques jours, les cerisiers seront tout à fait en fleurs. J’écris : Est-ce que les voyages nettoient les yeux ?

 Marlène TISSOT

 

 

Taille réellelescour

Collage: J.F. LE SCOUR

 

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