SLOW de l'été ...

... SACEM, moi non plus

Que faire un lendemain de Fête de la Musique ?

Se plonger corps et âme

dans le Feuilleton de la semaine

un road movie musical

écrit par Hugo Canesson

et illustré par Aspic et Rémy.

Illustration: Rémy

Premier épisode:

                                                   LA CESAM

                                      Compagnie des Editeurs

                                 Société des Amis de la Musique

 La CESAM, société unique de distribution, a belle réputation et mon ami Ben en est le flambeau, salarié de la boutique. Il fait les discothèques, les cafés, les commerçants, et taxe la musique qui sonorise les endroits publics, maisons de retraite, boucherie chevaline, champs de courses et autres parfumeurs d’ambiance avec musique assortie. Ensuite, ils distribuent l’argent aux ayants droits, aux notaires, des millions d’euros en direct du piano à bretelles. Si tu ne veux pas payer il t’envoie un huissier…Pour l’amour de la musique, et la juste rémunération due aux artistes. Inutile de vous dire qu’il est très apprécié par les tauliers…Ils l’ont surnommé « L’homme orchestre ».

Mais Ben sait y faire. Délégué de la CESAM depuis 20 ans dans le département il vous emballe le client avec le nœud qui va bien.

Ce soir je l’accompagne, moi, son ami unique. Je suis son porte flingue, vêtu sobrement de noir. Un long manteau de cuir et un pantalon signé « Sigrand ».Ben porte un gilet pare-balle et sous le bras, intimement coincé, une petite sacoche de cuir marron aux odeurs de contentieux, dégoulinante de chèques faits à contrecœur. (Tout est vrai jusqu’à présent sauf le gilet pare-balle).

Direction « Kerpanti ».Un village. A la sortie du village, un manoir. Il fait nuit. Ben conduit. Maître de la manœuvre dans cette campagne fine entre terre et mer, le manoir reste introuvable. Dehors les loups hurlent à la mort. (je plaisante).La musique ? Marvin Gaye, « sexual healing ».Un must.

Au bout du compte, au bout du chemin, une grande bâtisse largement éclairée domine une entrée enrobée de graviers. Nous y sommes. Nous toquons à l’endroit. Une crêperie.

Nous entrons et là une serveuse, tablier de soubrette au sourire coulé dans le moule, me lance un sourire. La banane de Warhol en peau de satin. Son visage en forme d’œuf frais, sentait la farine, le lait, le sel…Je m’égare. Toujours cette rage de vivre sur « Pretty girl » de Elvis Costello.

- « Vous désirez dîner ? ». Quelle Madone !

 «  Pardonnez moi, nous cherchons  la salle Xavier Grall. » Et j’explose de rire.

Elle aussi. Ce fut merveilleux entre elle et moi. Elle nous indiqua l’endroit du bout de ses doigts longs et graciles. En sortant Ben me demanda s’il régnait dans l’établissement quelques musiques facturables. La serveuse l’avait accaparée. 

« Fallait pas se laisser distraire».Je ne suis pas une balance…Mais Ben, mon ami Ben n’est pas méchant .C’est un tendre, un musicien, un amoureux du capodastre et du médiator.Une encyclopédie du rock torchée à coups de vinyles, de cd déjantés, dont les auteurs ont des droits. Un vrai pro de la partition et de la note salée. Une symphonie de royalties.

Chavirés par l’odeur de cette crêpe oignon roquefort servie chaude, nous rejoignîmes un groupe de personnes très élégamment vêtus qui semblait se diriger vers la salle Xavier Grall.

 à suivre...

Illustration: Aspic