AMICALEMENT VOTRE ...

... LE LIEN DEFAIT

Cherche ami(e) Can Fiction 2012

 Mon premier voyage  sur internet, d’entrée de jeu, s’est avéré frivole. Passer le mur du son, s’envoyer en l’air, à l’abri des regards, j’en déchirai mon pyjama et, fin à l’aise devant le gourbi, te défonçais la souris et lui mis l’oreille en tire-bouchon. Barjot de l’image pornographique. Voici comment je l’ai vécu.

Ces premiers pas sur la lune m’amenèrent à considérer la toile comme un gigantesque bouquin de cul. Nuit et jour, je surfais sur les sites pornos …des trucs impossibles. Des creux, des bosses, des gang bang absolus. Des branleurs de paliers qui se tapent le rez de chaussée, aspergeant le caddy de râles tuméfiés. Mon index tournait les pages.  Un majeur circulant sur les autoroutes de la baise avec des camionneurs chassant la caille dans les chiottes d’un bahut. Les seins se ramassaient à l’appel du fric, et les femmes dégorgeaient leur violence, la tête dans le pot d’échappement.

A portée d’index, d’un clique supérieur et hautain, je traitais mes fantasmes à la hussarde. De régal en révulsion, je fuselais les noirs, matais les peaux blanches. Promu au rang  de chef de meute, gardien d’un troupeau de cuisses, je tombais les vertes et les pas mûres. Je gravissais les monts et plaines de dames dociles, émerveillées par mon savoir-faire et celle de ma carte bleue.

 De  ruisseaux en guêpières, je courais la gueuse cachée derrière des arbres aux feuilles couleur pubis. Longtemps je me suis réservé le meilleur, creusant un peu plus mon découvert aux yeux d’amis encore fidèles sur facebook, Deezer avec tweet et saute-mouton.

 Mon chien est parti avec ma femme. Je méprise le ménage et la baignoire me sert de panier à linge sale.

Les miettes de pain se coincent entre les dents du clavier de mon Samsung et à force de tripoter la toile je me suis emmêlé les pinceaux. Je pèse 145 kilos. Mon ventre, reposé sur le tapis souris, est le fier résultat de ces années passées à culbuter des créatures faites de chaire et d’écran.

Veux-tu être mon ami(e)?

Hugo Canesson