... un lift pour Tanger ( Fins )

 

ROUTE_ATLAS

Epilogue: GOULIMINE

 

 

TAXI ?   Un lift pour TANGER…                 Année 1967.

 

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( 8 )

Cross Road Croc

 

La montagne avec ses ravins, ses tournants, sa chaleur, sa poussière, ses carcasses de voitures, de camions et d’autocars !

Vachement dangereux comme route !

On s’arrête souvent pour déposer des gens, pour en reprendre…

Je suis seul, en short et baskets, mon duvet et une gourde… 

Enfin : Goulimine, la ville des Touaregs !

Y a pas grand-chose, une mosquée, des commerces d’artisanat, un souk…

Des pensions, des restos pour touristes avec danse folklo !

Mais, il y a le marché aux chameaux à la sortie de la ville ! Et surtout la route ou ce qui ressemble à une route, vers Saint Louis du Sénégal !!!

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Un commerçant m’a hébergé et nourri pour une nuit, pas gratuitement, bien sûr !

Le matin, un jeune m’a transporté sur son vélomoteur sur le lieu du marché aux chameaux…

Beaucoup de cars de touristes, des voitures particulières…C’est le folklore !

Cela paye les gens du coin !

Moi, j’ai trouvé que les chameaux puaient !

Dans le souk, j’ai acheté un bracelet et un collier avec les fameuses pierres de Goulimine très colorées, en cylindre et noire de l’intérieur !

Elles ne proviennent pas de Goulimine, mais de l’Algérie !

Des touristes m’ont reconduit à Agadir…

Encore une journée, et je repars par bus, train …vers Tanger…

 

A mon arrivée, je ne me dirige pas vers le petit socco, je prends les grands boulevards où il y a plein d’hôtels et de magasins comme chez nous ?

Au bout du boulevard Mohamed V, un resto espagnol « Las Mimosas »…J’ai faim !

Une femme en chignon, cheveux gris m’a servi une paella à damner un saint !

Elle loue des chambres en face du resto ! C’est spartiate, mais propre…

Quelques jours de repos bien mérité.  J’ai fait des achats de vieux bouquins espagnols pour quelques dirhams, ils proviennent tous du colegio del Sagrado conrazon de Tanger…

Ma taulière me conseille de reprendre le bateau de Tanger vers Algésiras…Les douaniers sont plus coulants pour les retours ! On verra ?

Je passe beaucoup de temps à chiner, à marchander !

Le petit socco ! C’est fini ! Rien d’intéressant, si ce ne sont les magouilles entre vendeurs et consommateurs de kif !

Je passe mes soirées au resto « Las Mimosas »…D’autres beats partagent ces moments avec moi, la bouffe est bonne, la sangria nous aide à bien digérer…Une chouette ambiance.

Ma décision est prise, le samedi cinq août, je prends le bateau vers Algésiras…J’ai acheté mon billet un jour avant !

J’ai réglé ma note !

Mon sac est prêt, mon duvet et mon pneu enroulés sur le dessus…Un jeans, un kaftan noir, mes baskets blancs sales…Cheveux au vent…

Les douaniers marocains m’ont superbement ignoré ?

Pas les espagnols !!! J’ai droit à une fouille en règle !

 

Je n’ai pas bronché, j’ai laissé faire …Moi, le régime de Franco, il me fait froid dans le dos !

Je me retrouve sur les larges quais où se trouvent toutes les agences maritimes…

La gare ferroviaire est proche…Des hollandais, teutons et rosbifs vont dans la même direction…

Achat d’un billet pour Malaga…De  longues minutes d’attente, j’achète du pain, des tomates et une bouteille d’agua !

A Malaga, je cherche à louer un cama pour la nuit ! Pas de putes ! Ouf !

Renseignements pris à la gare, y a un train pour Madrid…Quelques longues heures, on y arrive le matin…

Madrid, c’est la capitale ! C’est aussi une ville de merde …Traversée avec sac sur le dos, au pas de charge…Un autre train, une autre gare avec pour destination Irun/Hendaye…

Une nuit dans un compartiment occupé par une jeune hippie hollandaise et ses deux mômes…

Je suis sale, je sens mauvais…J’ai bu de la sangria…Elle m’a proposé de fumer des joints ?

Je certifie que c’est plus fort que le kif !

 

Irun/Hendaye…On passe la frontière, refouille des bags, on change de gare …

Bye bye à la batave !

Vive la France !   Où vais-je aller ?  J’ai encore des ronds, des jours de congé !

 

Ma destination sera Aberdeen ! J’ai envie de revoir Pamela Maxwell….

This will be the next time…

 

TERRE !   MINUS !

 

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STANDING at the CROSSROADS:

Cobra

 

TIZNIT - GOULIMINE

( aux confins de l'inutile )

  

C'était fini entre nous. On n'avait plus rien à se dire, à vivre ensemble mais je voulais aller tout au bout de la route, au propre comme au figuré … prendre un thé au Sahara.

On bouffait les kilomètres et la fatigue comme un assommoir quotidien. Paralyser le temps. Voyager, surtout ne pas se poser. La fuite, l'errance.

Agadir, une ville nouvelle pour un nouveau tourisme. La plage, des restaurants chicos.

Tiznit, les draps sont tachetés de sang. Je retourne le matelas: un nid de punaises !

Au resto on rencontre deux suisses. On les invite à notre table. Ils sont si jeunes. Elle est si belle, de longs cheveux blonds, des yeux bleus. Elle boit mes paroles. Il est si gentil, si naïf, il contemple Joëy comme une princesse hippie. On les drague, ils ne s'en aperçoivent même pas. Ils remontent demain vers Casa, quelle déveine ! Je serai bien parti avec Rosette et Joëy avec Pierre ; recommencer autre chose, tout de suite… Raté ! Ils nous donnent leur adresse, Delemont dans le Jura Suisse.

GOULIMINE

Goulimine, la porte du Sahara, les hommes bleus. On arrive juste pour le marché hebdomadaire des chameaux, amhayrich, plutôt des dromadaires. Je m'y connais, mon groupe de twist s'appelait les Dromedarius Camelus L. C'est décevant. Je m'offre une côtelette de chameau. C'est gras avec des poils dans la viande. Je suis malade, j'évite la gerbe de peu.

Je propose de continuer vers TanTan, le repaire des contrebandiers. Cent cinquante kilomètres de piste à négocier avec des chauffeurs de camion, des mauritaniens, des africains.

- T'as une Peugeot à livrer, un réfrigérateur à vendre, non ? Alors qu'est-ce qu'on va aller foutre dans ce trou à rats. Chercher des emmerdements ! Ouais, ça suffit. On remonte vers Rabat direction Fès et Meknès.Qu’elle conclut.

Les villes impériales, des souks ; les tanneurs, les potiers, les artisans du cuir, de l’étain, du cuivre. Des ruelles. Se perdre, se croiser. Se tendre, se détendre. Peines perdues.

Casablanca en attendant le bateau. Seul dans un cinéma climatisé je regarde Trintignant dans le conformiste de Bertolucci. Je ressors vide , absent, déphasé.

Lyon. Depuis cinq heures j’attends à la périphérie de la ville. Je suis seul depuis Marseille. J’ai réussi à atteindre la capitale des Gaules mais là je suis bloqué, vaincu. Je regagne la gare à pied et prend un train de nuit pour Paris. Dans le compartiment je rencontre deux scandinaves. Je les invite à séjourner dans ma chambre de bonne. Les mecs font la gueule quand ils découvrent un drapeau noir accroché au mur. Ils deviennent livides quand ils distinguent une affiche de l’IRA.

  • Ces types sont des assassins ! fait le barbu.

  • Et les anglais , ce sont des poètes ?Vous n’avez jamais entendu parler du Bloody Sunday ?

Disparaissez de ma piaule, sales cons !!!

Un lacet de cuir, deux pierres de Goulimine, un mandala d’argent ciselé, je me fabrique un collier…

Je suis d’un autre pays que le vôtre, d’un autre quartier, d’une autre solitude. ( léo Ferré / 1971 )

 

tiznit

FIN  The END FIN