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Le Tréponème Bleu Pâle
1 avril 2011

HEP TAXI ...

 

 

... Un lift pour Tanger ( suites )

 

On_the_road

 

1111 MESSAGES

 

( 6 )

Cross Road Croc

 

Tout le monde est prêt ? On se dirige vers le petit socco…On arrive sur une place bruyante, des terrasses, des cafés, des étals pour sandwiches…Beaucoup de chevelus, des filles sublimes…

En arrivant de la pension, à droite, deux cafés une échoppe avec des posters de Bob Dylan…

Au fond une terrasse pleine de beats…

A gauche idem : des cafés, un hôtel…Terrasse à l’étage…Et partout, cela sirote des jus d’orange, des cafés con leche et du thé…

 

Et partout, on vend du shit, du kif…On se vend aussi !

Y a des vieux arabes qui adorent les culs des jeunes Occidentaux aux cheveux longs !

Faut le savoir ?

 

Café Central, j’offre des jus…Claudie voudrait se rendre vers Ouarzazate ?

Chris est partant avec Jan et Ingrid !

Moi, j’envisage de rester avec Bram…Draguer quelques hippies ! Y en a des terribles !

 

En face de nous, un marocain albinos nous observe ?

 

On s’arrête devant le pas de porte des posters…Un grand black discute, il veut vendre des disques, des posters…Il fume un immense pétard !!!

 

Pas de flics ? NON !

 

Le mec est bien achalandé, des Stones, du Beatles…Du Kinks…Du Donovan, des posters de Dylan…Il se vante d’avoir rencontré Anita Pallenberg et Brian Jones ??? Et Jimi Hendrix, le fameux guitariste qui joue « Hey Joe » avec ses dents !

 

On pense que c’est un vantard !

 

Bram achète du hasch à l’albinos…Discrètement…Si on veut !

 

Sur la terrasse de la pension, distribution de joints pour tous ! C’est Bram qui régale…Comme à Amsterdam ?

 

Le soir, des brochettes…Une omelette avec feuille de salade et citron..Pain à volonté…Avec vue sur le socco…

 

 

Les punaises ont eu raison de nos bras et de nos guibolles…On se tire !

 

Chris, Jan et les deux filles se tirent vers Marrakech…

On cherche une autre pension ?

Des hollandais nous ont signalé la pension Tunis, plus propre et plus chère ! Chambre sur terrasse, des draps pour les lits et le patron = un gros vendeur de drogues !

 

Avec Bram, c’est jamais calme ! Y se pique à l’héro !

Nous nous rendons tous les jours au café Rafa sur les falaises…On fume, on boit du fanta…Nous avons rencontré des françaises avec un mec au crâne rasé…Ils reviennent du Liban…Ils sont drogués et forment un couple à trois.

 

Dans un resto, j’ai fait la connaissance d’une prostituée arabe…J’ai accepté ses charmes et son prix ….

On a vu les grands boulevards…On en a marre de Tanger…

  

COBRA_vall_e_del_ourika

 

FANTAZIA

 

Cross Road COBRA

( 2 )

 

 

Hospitalité

Fleurs d’orangers

Cornes de gazelle,

 Baklawas, loukoums, makrouts

Ghoribas aux amandes

A couvert… à découvert

 

 

Idris me serre à me broyer.

-Prends la photo, ma fille. Maintenant viens. On inverse, c’est lui qui prend le cliché. Vas-y, mon fils.

Il enlace Joëy à lui briser les os. Je clique. C’est un colosse ; 1m 85 et presque cent kilos.

 

On errait dans les ruelles. Impossible de se repérer. Ecrasés par la chaleur, entamés par la défonce, obligés de marcher plein soleil, la partie à l’ombre étant occupée par des hommes, des femmes, des gosses, allongés à même le sol et soudain cette porte monumentale, majestueuse. On la pousse, on entre et l’on découvre un petit palais ; poteries, céramiques, du marbre, de la fraicheur.

-       Bienvenue dans mon humble demeure. Entrez mes amis. Enlevez vos chaussures, venez-vous restaurer, vous rafraichir. Aïcha ; des pâtisseries, une citronnade.

Il est habillé tout de blanc avec des babouches de cuir et une petite calotte.

Sa demeure est somptueuse : tapis berbères aux losanges rouges dont les teintures passent du saumon à l’écarlate, bois, cuivre, corbeilles ornées de pompons de laine.

Au mur, un poignard khayer dans son étui… des plantes grasses, des fleurs.

-       Un fruit, une grenade, des dates ?

-       Merci, merci, nous sommes repus.

-       Bon. Je vous attends ce soir. Nous mangerons ensemble puis vous séjournerez chez moi ; ma maison est vaste et agréable ; vous pouvez rester une semaine. Marrakech est la plus belle ville du Maroc. Nourdine, mon domestique, va vous reconduire jusqu’à la place, vous récupérez vos sacs à dos et à ce soir.

Il nous étreint de nouveau, un boa constrictor. Nous nous échappons avec notre guide.

 

HOspitalit_

 

 

De nouveau le tumulte, ce rythme ternaire : flutes, zamers, tambourins bendir et tarijas.

-       Nous avons rencontré l’ogre. Celui qui veut nous croquer.

-       C’est aussi mon avis mais il n’aura pas mon petit cul !

 

A la nuit tombante Djemaâ peigne ses longs cheveux de ténèbres ; le Djinn se déguise en bouc, en chameau, en cobra noir.

Le marabout met les démons en déroute en jetant des cristaux de sel dans le feu.

Epilepsie… il crache dans un plat son fluide mystérieux :

-       Tiens, la baraka !

 

Nous sommes déjà loin dans la ville nouvelle à la terrasse d’un café.

 

 

 

Sous les saules assis

Salle des sales soucis

insoumis

Lui, seul, sur le sol la si

Elle, saoule, sur le sol, lascive

sauf-conduit Soufi

 

 

 

-       Trois autres anisettes !

C’est le directeur adjoint de la poste principale qui régale.

La trentaine, une petite moustache, habillé à l’européenne, il parle un excellent français et tient son gamin de six ans sur ses genoux.

-       Et une orangeade ! qu’il rajoute.

Nous parlons études, sports, cinéma. Il a fait des études de droit ; sa femme est morte à la naissance du petit. Il ne s’est pas encore remarié ; Il nous invite à bouffer un tajine dans un resto tout proche. On se régale avec ce mélange de salé sucré ; un ragout d’agneau aux pruneaux parfumé de muscade, cumin et coriandre.

-       Un véritable repas marocain se termine toujours par un café maure. Je vous invite chez moi pour le savourer.

-       Mais il se fait tard…

-       J’habite juste en face dans cet immeuble moderne, venez, j’insiste.

On n’ose pas le contrarier. On lui emboite le pas ; un escalier de béton, trois étages, on souffle.

 

C’est un salon à l’occidentale avec un canapé. Il y dépose le gosse qui somnole et passe un coup de fil en arabe puis part faire le café.

Dix minutes après on sonne.

Un type apparait, un vieux avec une espèce de chéchia et une moustache blanche ; il est habillé comme un fellah avec une veste européenne des années 50. Il nous salue, s’assoit en tailleur sur le tapis et nous invite à le rejoindre. Il sort une petite pipe en bois coloré avec un minuscule fourneau de terre cuite et une blague à tabac d’où il extrait une poignée de kif ; il la bourre puis l’allume.

L’herbe crépite. Il nous la présente ; le pollen du chanvre nous brule le gossier ; c’est acre, fort, immédiat.

Il recommence, plonge la main dans son matoui, regarnit le fourneau et fait tourner .

On sonne. Un deuxième mec fait son entrée, la quarantaine, costaud, une sale gueule ; il nous salue prend place dans le cercle.

Le directeur adjoint a disparu. Il est parti coucher son fils. Normal.

Je suis stoned. Normal.

Joêy s’en apperçoit ; elle refuse la chipsy. Normal.

Le nouveau venu la reluque et me toise. Louche.

Le papy me retend la pipe. Il a une bonne tête ; j’aspire, ça arrache vraiment. Normal.

Le directeur adjoint revient. Il demande à Joëy de faire un bisou à son fils ; Elle se lève ; Ils disparaissent vers une chambre. Normal.

Le vieux sourit. Le costaud essaie de m’impressionner ; je commence à paniquer. Je refuse la pipe. C’est louche.

Je suis planté. Les secondes sont interminables. Que font-ils ?

Je dois me lever.

Le Barraqué me dévisage. Glauque.

Joêy surgit à toute allure, me tire par l’avant bras.

-       Lève-toi, on se casse, VITE !!!

C’est l’instant fatidique : vais-je tenir debout ?

C’est bon. Ils n’osent pas bouger.

Fuite éperdue…La nuit. Les rues. Au loin les rumeurs de la Place, envoûtements, charmes….

-       Pauvre con, t’as pas pigé. Il a voulu me violer, ce salaud. C’était un piège.

-       Si… J’ai compris quand le balèze est arrivé. C’était évident mais j’étais déjà trop raide pour réagir rapidement.

-       J’vais te dire un truc. Faut qu’t’arrêtes la défonce systématique ; une fois de temps en temps entre amis, ça va mais tous les jours comme l’année dernière en Inde, ça suffit ; faut évoluer. On est des proies et on est que nous deux. Alors tu fais un peu plus attention à moi ou je te plaque... T’as compris ?

-       OK… j’ai pigé.

 

 

Jeux de poudre

Poudre noire

Chevaux blancs

Panache, gloire

Nacre, ivoire

Arrogance, vanités

 

 

On marchait avec tout le bardas, en plein cagnât, direction la gare routière.

Soudain deux coups de klaxon. On se retourne.

Il était là, seul, au volant de sa bagnole, une 403 Peugeot. On se détourne, on accélère.

-       Ne partez pas. Ecoutez-moi !

Il a bondi hors de sa caisse. Il court. Il est à notre hauteur.

-       Je vous implore ; pardonnez-moi. Je me suis mal comporté. J’avais trop bu. Je vous en prie, j’ai honte. Je ne suis pas comme ça. Je vous en supplie, pardonnez-moi pour hier soir.

On hésite. Il semble sincère. On le regarde.

-       J’ai pris un jour de congé. Je vous emmène dans la vallée de l’Ourika.

-       On peut pas accepter, on v….

-       Je vous le jure sur le Coran : ce n’est pas une ruse.

-       Je te crois.

-       Jure le sur la tête de ton fils, fait Joëy.

-       Je le jure sur la tête de Samir.

-       Ça marche. On te pardonne.

On lui serre la main longuement. On balance les sacs à dos dans le coffre puis en route. Moi devant à la place du mort, Joëy sagement derrière, à l’affut.

On roule dans la poussière. On roule dans la verdure. Les paysages s’enchainent, tour à tour verdoyants ou désertiques, trente kilomètres sur les premiers contreforts de l’Atlas. La route puis la piste ; on s’arrête une première fois pour boire un café puis pour manger. Au loin se profile les neiges éternelles et quelques pistes de ski pour l’hiver. Le soir il nous dépose à l’auberge de jeunesse d’Asni . Nous sommes les seuls voyageurs. C’est champêtre. Il y a des animaux, vaches lapins, poules. Il négocie notre séjour, deux jours, deux nuits avec les villageois puis redescend vers Marrakech.

-       Le bus passera vous prendre. Ne le ratez pas. Il n’y en a qu’un par semaine !

-       Merci. Adieu.

Nous ne le reverrons jamais.

Je ramasse du bois sec pour allumer un feu dans la cheminée de l’auberge. La voisine, une paysanne berbère nous apporte du pain chaud, une chorba, une soupe à la tomate et aux pois chiche et un melon jaune.

 

Ce soir je n’ai pas fumé. Les Djinn ne sont pas venus me visiter. J’avais écrit la formule magique en flammèches ambrées : Bismillah !



cobra_asni



à suivre... A SUIVRE... à suivre... à suivre...

 

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