... Un lift pour Tanger ( suites )

 

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Marrakech Express
by
Crosby, Stills & Nash

 

 

Would you know we're riding
on the Marrakech Express
Would you know we're riding
on the Marrakech Express
All on board that train

http://www.youtube.com/watch?v=E4r_HWWQyCs

 

JMC

 

 TAXI ?   Un lift pour TANGER…                 Année 1967.

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( 5 )

Cross Road Croc

 

 

ALEA

 

 

Sur le palier, personne !  

 

On sort de l’hôtel, le spectacle est dans la rue : cela grouille de monde, des enfants qui tendent la main, des femmes voilées qui baissent les yeux…Des terrasses avec plein de mecs qui sirotent du thé à la menthe…Tous nous observent ?

 

Il y a des commerces, de l’artisanat…

On cherche une banque ?

Des ruelles à n’en plus finir…Des odeurs à vomir…

 

Au détour, on voit le premier beatnik avec une fille ?

Cheveux noirs, barbe et moustache, tunique et pantalon blanc, pieds nus : il ressemble à Jésus Christ…La fille qui l’accompagne est blonde, maquillée très fort et porte une longue robe…

 

C’est un français, il nous indique le chemin pour une banque !

 

Après le change, on se sent mieux ! Mark et Anne vont se balader dans un souk.

 

Chris veut acheter des sandales et des bracelets ?

Moi, j’ai envie d’un sac en cuir que l’on met en bandoulière…Cela fait très hippie !

 

On a marchandé de longues minutes, j’ai un vieux sac avec des franges…

Chris des bracelets, ses sandales et un poignard recourbé du plus bel effet.

 

On a vu des étals de boucher, c’est pas ragoutant !

Le souk des tanneurs : non plus !

 

On s’est arrêté dans une gargote, on a mangé des brochettes avec une soupe super épaisse…

Mais cela bourre !

 

On a fait quelques photos…On rencontre quatre beats : deux hollandais avec deux frenchies…

Ils causent en anglais entre eux…Ils viennent d’arriver ce matin, ils ont dormi au poste frontière.

 

On les accompagne vers notre « hôtel » ?

Les bataves s’appellent Bram et Jan…Claudie, blonde avec petites lunettes rondes est avec Bram, le plus beau !

Ingrid, cheveux noirs, grosses fesses est seule, comme Jan !

On sympathise…Dans notre chambre, on s’installe pour fumer du kif que Bram a acheté dès la frontière franchie !

 

Les yankees s’en vont demain en bus pour Tanger puis en train vers Casa…

Chris a des vues sur Claudie qui n’est pas insensible au charme de mon pote…

 

Bram s’en fiche, il préfère fumer !

 

Chris a pris les choses en main, ce soir, il partagera son duvet avec Claudie.

Ingrid me reluque comme une folle ? Non, je veux pas !

Que Jan se dévoue !

Tétouan, c’est deux journées et trois nuits…Un autobus de la CTM vers le port de Tanger, la ville des beatniks…

 

 

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Voyage sans histoires, de beaux paysages du rif…Des villages, des gosses qui agitent leurs mains…Des ânes avec des ballots…

 

Tanger, la ville de tous les dangers ! Tanger, la blanche !

Le bus nous dépose non loin du port…Des cabines, des bars, une plage…Un superbe hôtel avec des portiers en livrée : Les Almohades !

 

Y a plein de mecs antipathiques qui nous suivent, ils reluquent Ingrid et Claudie comme des malades ?

 

On quitte la zone de la plage, on remonte des rues, puis des ruelles…Plein de commerces d’artisanat…On croise quelques hippies avec des robes, des tuniques…

 

Je me renseigne sur la pension Chechouen ? Des gosses nous demandent de les suivre, beaucoup de femmes et de mecs se retournent sur notre groupe…

Dédale de ruelles, une porte massive en bois, une inscription en arabe…On frappe, une horrible mégère, grasse, nous accueille…Deux chambres pour nous six ? C’est combien en dirhams ?

 

 

Pas cher, on grimpe au premier étage : une rotonde mais au carré ?

Allez comprendre ?

 

Une chambre pour quatre : Bram, Jan, Ingrid et bibi !

Claudie et Chris sont dans un cagibi  sans fenêtre qui se situe près des chiottes.

 

On déballe nos sacs, on s’installe : je constate que les matelas ne sont pas de première fraîcheur ?

Il y a d’autres beats dans cette pension, ils nous renseignent sur le petit socco où tout le monde se retrouve de jour comme de nuit ?

C’est pas loin, à trois ou quatre ruelles !

 

Avec Bram, je me rends sur les toits et ses terrasses ..Le linge pend sur des cordes…Les femmes arabes nous regardent et rigolent…

 

Un grand rouquin, cheveux sur les épaules, tout de noir vêtu…Il revient d’Alep en Syrie…Il voyage depuis deux ans…Il dort sur la terrasse, c’est moins cher et plus aéré !

 

Un beat espagnol qui parle français, chapeau de cowboy : il joue sur une guitare à sept cordes avec un effet sitar indien ! Il fait la manche sur les boulevards de Tanger !

 

Il confectionne des bijoux, notamment des bracelets de cuivre rouge avec des prénoms arabes qu’il grave dans l’ACIDE !!!

L’acide de Tanger !

 

Chris, mon pote Liègeois, a niqué la jeune Claudie…Il en est fier !

Ingrid me caresse la main ? Suis-je condamné à devoir me taper toutes les moches du voyage ?

 

 

 

 

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FANTAZIA

 

(Jette ma tête tranchée dans les cendres froides.. ! )

 

 

CROSS ROAD COBRA 

( 1 )

 

Osselets d'albâtre

l'odeur féroce de la nuit

Tambours funéraires

 

Une peau de chèvre

ce grand cœur qui bat la chamade

le gout du mouton braisé au crépuscule de Djemâa el Fna

 

 

 

Le verbe sacré…  Bismillah !

Convulsions, incantations.

Les danseurs noirs tout de blanc vêtu tourbillonnent dans la poussière.

 Leurs tambours résonnent dans les vallées lointaines. C'est l'heure du rituel. Les djinn prennent possession de la place. Les charmeurs de serpents ont sorti les cobras noirs de leur panier. Luisants, ils se dressent, crachotent, sifflent et délivrent le message: tu vas payer le prix !

 Je me faufile entre les échoppes des artisans et les gargotes. Allumez flambeaux, braseros et lampes au kérosène ! Une odeur tenace de brochettes, de cuir rustique, d'épices. Les escargots des sable me fascinent, j'ai presque envie d'en gouter, minuscules gastéropodes blancs, gris, jaunes; comme des billes cosmiques…

 

Exorcisme, dyafa.

 Je quitte la place m'engouffre dans les ruelles dans le dédale des souks. Je tourne à droite, deux fois puis à gauche, une autre fois, c'est juste à coté d'une herboristerie, c'est là. Joëy m'attend avec les sacs à dos pour mettre les voiles direction l'auberge de jeunesse. On a passé notre première nuit, ici, dans cet endroit incroyable. La piaule la moins chère de la médina. Rien dans la pièce, strictement rien, juste deux nattes, une ampoule nue qui pend d'un fil électrique et une fenêtre qui donne sur une impasse bruyante, enfumée, sombre. Les puces vertes nous ont trouées la peau. Nous n'avons pratiquement pas dormi tant le sol était dur.

Tourbillons de sable, tornades humaines, extases. Les rumeurs de la place Djemâa el Fna s’éloignent.

 

Direction l'autre bout de la ville au milieu de la cohue des bagnoles et des fiacres des touristes du Club Med . Nous avons réservé nos places cet après-midi lors d'une reconnaissance. Ce sera dortoir, les filles d'un côté, les mecs de l'autre. Pas vraiment la joie mais y'a des sanitaires et un petit jardin. Les hôtels sont trop chers et nous n'avons pas de tente de camping. Une solution intermédiaire et provisoire pour se laver et récupérer. Après Casa où nous étions hébergés et le trajet en bus, c'est vraiment le début du Trip et nous avons besoin de reprendre nos marques et nos réflexes de routards.

 

 

Une note

La note ultime

Le sérum de vérité

Très haut

Dernier étage

L’assemblée des Morts

 

 

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Auberge de jeunesse de Marrakech/ Premier soir/ coté garçons.

Complètement kiffé, je serre les dents et résiste à l'envie de me gratter. C'est encore plus dur défoncé. Fixer ma volonté sur le non. Penser à autre chose qu'aux démangeaisons. Mon voisin de lit range le shillum, c'était sa tournée de bienvenue, il m'a pas raté, l'enflure.

 J'ai décidé de le surnommer Ali baba.

Il est grand, squelettique, le crâne rasé avec une immense barbe d'imam. La coupe, c'est le cadeau des douaniers de Ceuta, la boule à zéro contre le visa d'entrée. Il enlève sa djellaba blanche ; sous les aisselles des auréoles de transpiration de quinze bons centimètres. Il porte un maillot de bain à rayures bleues et noires complètement difformes. Il grimpe sur le lit en face du mien et place son vêtement sous sa tête. Ce mec ne possède en tout et pour tout qu'un sac de jute, cette djellaba crasseuse, son slip de bain et une paire de sandalette. Son regard est totalement halluciné, il me rappelle le Satan de la Salvation Army à Bombay, le mec qui se contorsionnait dans les couloirs de l'institution en poussant des jappements d'animal.

 Ali Baba fixe le vide de longues minutes puis ses ongles qu'il n'a pas dû couper depuis des mois, de véritables poignards. Il peut trancher n’importe quoi avec ses pinces coupantes.

  Il les récure méthodiquement avec une allumette brisée puis il se masse longuement les paupières, c'est interminable. Il se dit quelques mots que je ne peux saisir puis se gratte le dos, lui aussi a été bouffé par les puces. Je voudrai dormir mais c'est impossible dans cet antre de flippés. Ali baba continue sa toilette intime; il se débouche les oreilles en les faisant claquer lourdement puis il balance ses crottes de nez dans le  vide du couloir de séparation de la chambrée. Il jette ensuite un regard circulaire pour constater que personne ne l'épie, saisit une bourse de cuir dans son sac berbère contenant soixante grammes de hash, du zéro-zéro de Keitama et ses derniers dirhams et enfouit le tout dans son maillot de bain bien au chaud contre ses couilles. Il s'allonge puis tente de s'endormir en vain. Il se retourne alors vers moi pour m'inonder d' ineffables histoires de défonces sans même vérifier si je dors ou si je suis éveillé.

Puces, punaises, vertiges, allergies...

Faut que je me tire au plus vite de ce merdier, doit bien y'avoir un coin peinard à Marrakech, faut trouver le bon plan !!!

 

 placajd

 

 

Vénus Anadyomène

Vénus Hottentote

Vénus in mars

Vénus Virus

Venin Chagrin

DEMAIN

 

 

 

        Vous habitez dans cet hôtel ? C'est bien ? balance Joëy

        Vous voulez rentrer voir ?

Les deux français doivent avoir vingt-cinq ans. Des Freaks, patchouli, tunique marocaine, pantalon indien, colliers, bagouzes, les cheveux longs teints au henné.

L'hôtel est super clean: mosaïque, fontaine, électricité, sanitaires à l'occidentale. Deux femmes de ménages s'activent dans l'escalier et le patio.

On pénètre dans leur piaule.

-       Vous voulez du Thé ? fait le plus grand des deux.

-       Ouais .

-       Je remonte une autre théière.

Il disparait. Ils ont un plateau de cuivre et des petits verres à thé dans un coin de la pièce.

- Vous venez d’arriver ?  fait l’autre.

- Tout juste et vous ?

- à Marrakech,  ça fait huit jours . Avant on était à Keitama, on a acheté deux kilogs de shit. On en deale un ici puis on part en Crète  vers Matala. Vous voulez en acheter ?

- ce qu’on cherche, c’est une bonne piaule.

Il arrache la notice accrochée à la porte et nous la tend.

-       un peu cher !  qu’on fait

-       Si vous restez une semaine le boss vous fera un prix…

-       Non, c’est trop pour nous.

L’autre revient avec une théière pleine et nous sert.

-       Alors on s’le goutte ?

-       OK !

 

 

Nous sommes ressortis de l’hôtel ; Joëy m’engueule :

-       Pauvre con ! tu lésines sur les piaules et t’achètes cent grammes à ces mecs.

-       C’était cadeau, quasiment la moitié gratos et c’est du bon… J’ai ma réserve pour le séjour.

 

 

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