HEP TAXI ...

... So Hard Travellin'

Sur la route...

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Cross Road Croc 

La boum s’est bien déroulée, j’ai apprécié les morceaux du groupe The Them avec « Gloria» et « Baby, please don’t go ! »…

Prémonitoire, Sylvie ne veut plus de moi ! 

Les résultats de mes examens sont mauvais !  Aucune explication à donner. 

Chris : c’est pas mieux, il a raté son année ! 

Il débarque à la maison le mardi  27 juin…Avec son sac à dos, ses cheveux comme une fille, il s’est fait charrier tout le chemin.

En ce qui me concerne, tout est prêt ! Sauf, les ronds ?

Mes vieux sont furax sur moi !

Ma grand-mère fera l’affaire…

Avec Chris, on se pointe chez Florio, quelques beats sirotent du vin…A l’étage, c’est notre QG… 

Léonard, le black qui vend de tout ! Un jeune arabe, les yeux maquillés ??? 

On commande, on cause avec des potes…Notre voyage est commenté par quelques nanas… 

On aime ! L’arabe nous tuyaute sur des hôtels à Tanger, notamment la célèbre pension Chechouen !!!!

Le jeudi 29 juin, j’ai des ronds en suffisance : des francs français, des pesetas, des dollars en petites coupures…

Mon sac à dos possède une armature en fer, c’est un sac de l’armée !

Des chemises, des polos, deux blue-jeans, des chaussettes, des baskets en toile…Peigne, gamelle et petit camping-gaz…Chris est harnaché avec sa tente : une deux places André Jamet de couleur bleue. 

On s’admire devant le miroir : nous sommes jeunes et beaux !

On traverse beaucoup de rues pour sortir de Bruxelles !  A pied !

Pas question de prendre le tramway ! NA ! 

On a décidé de voyager en « stop » …Le pouce levé…

D’abord vers Mons…

L’aventure débute !

Des étudiants se sont arrêtés, nous ont embarqué jusqu’à la gare de Mons ?

Toujours à pattes, on se dirige vers la route qui mène à la frontière…

On commence à transpirer, nos sacs sont lourds…On fatigue !

Deuxième lift, une camionnette de livraison…Le chauffeur nous enivre avec ses questions, on tient le coup … 

Mais, ce mec nous dépose non loin de Creil… 

Nous sommes crevés, on croise deux Allemands qui discutent avec nous en angliche !

Ils remontent vers Amsterdam…

Nous ! On descend au Maroc !

Eux ? Ils en reviennent…Bon, nous ne sommes pas les premiers…Tant pis ! 

Ils nous refilent une barrette de haschisch…Moi, je ne sais qu’en faire, les mecs rigolent ? 

Chris renifle et me dit que c’est du bon !

Ah bon, il s’y connait !

Il sort une « Belga » de son paquet…Enlève le tabac, le mélange avec le hasch émietté…

C’est pas un spécialiste, cela se voit !

Mais, les beats, cela fument des joints !  Chris fume, tousse, crache…Me dit que c’est merveilleux ???

J’en doute, je lui signale qu’il y a beaucoup de voitures de police qui sillonnent cette nationale… 

Au détour de la route, un banc et deux beats qui discutent ???

Je connais l’un deux : Etienne, de Bruxelles…

Il descend aussi vers le Maroc…C’est le fils de mon ancien prof de littérature, un mec connu dans le milieu beatnik.

Son pote est anglais…Je propose à Chris de leurs donner la barrette ?

OK !!!

C’est du très bon ! Etienne a sorti une  petite pipe, une pierre et un morceau de tissu…

Il tire sur le chalumeau…L’anglais aussi… 

On se tire vers un camping municipal…De hautes haies…Quelques tentes, des jeunes…

Il y a des toilettes…Une réception… 

Chris plante la tente…Je gonfle les pneus…Ce soir, au menu : haricots sauce tomate, baguette et flotte.

On roupille ferme.

Ce vendredi, c’est le grand départ des vacanciers vers le sud…

Cela va être duraille pour le « stop ». 

Sacs sur les épaules, on sort de cette ville…Pouce en l’air, sourire aux lèvres, on attend le bon samaritain ?

Ils sont rares en 1967 !

Vers midi, une jeune fille nous a pris avec sa camionnette, faut dire qu’il a commencé à pleuvoir !

Nous sommes mouillés ! Même nos slips…

Chris s’est installé à l’avant et commence à la draguer…Je m’endors. 

Nous sommes à la sortie d’Orléans…

On en a ras le bol…Plein de voitures font semblant de stopper, on court avec nos baluchons…Elles redémarrent !

Depuis Antoine, Benjamin, Polnareff, Donovan…Tous les jeunes chevelus qui voyagent en auto-stop ne sont pas les bienvenus dans l’hexagone !!!

Nous sommes crevés, trempés…Pas envie de chercher un camping…Une pelouse fera l’affaire….

La nuit tombe sur Orléans…La tente est dressée…Le repas : reste de pain, deux tomates et de l’eau… 

On ne risque pas de prendre du poids !

« Debout ! Sortez de votre tente ! »…

Des voix ? Oui des voix du dehors ?

Ce sont des flics qui nous apostrophent, on campe en bord de route : c’est formellement interdit !

Ah, bon !

Ils ont voulu nous embarquer, mais quand ils ont constaté que notre matériel était volumineux ; ils nous ont dit de déguerpir ! Et vite ! 

On s’est pas grouillé, on n’est pas en pleine forme ! Chris a besoin d’un bon petit déjeuner avec des croissants et du chocolat chaud. 

Le week-end débute bien, le soleil est de retour…Nos fringues sont sèches. 

Faut trouver une boulangerie ?

Pas une habitation aux alentours ! Juste des prairies, quelques bosquets…

Une famille de petits vieux a eu pitié de nos attitudes de malheureux…

On retourne vers Orléans…

On n’a pas le choix ! On a faim ! 

Chris a fait le plein en calories, moi : j’ai mal au dos et mon sac est trop lourd !

Nous nous sommes installés au camping municipal…On y reste jusqu’à lundi. 

Un dimanche deux juillet à glander… 

Nous avons bien récupéré, nous sommes prêts pour le grand saut vers le sud !

Re-sortie d’Orléans…Re-pouce en l’air 

Un camion avec un routier sympa qui nous dépose à Limoges…

Nous dormons dans une maison en construction avec d’autres jeunes : des fugueurs !

Nous n’avons dormi que d’un œil !

On a eu peur pour nos bagages ?  Le matin, ces jeunes se sont tirés !

Pendant toute la journée, nous sommes restés à la même place…Idem pour la soirée ?

C’est en pleine nuit qu’un jeune gars s’est arrêté et nous a embarqué avec lui vers Collioure, à la frontière espagnole. 

Il doit rejoindre ses amis dans un camping à Argelès-sur-mer !

Il est fatigué et veut que nous lui tenions la conversation…

La route est monotone, les arbres défilent dans les faisceaux lumineux des phares…

J’ai mal aux yeux…

Cinq heures du mat’ c’est mon anniversaire !

Arrivée dans la petite ville de Collioure, agréable, des ruelles…Le soleil se lève…

On se sent frais !

On accompagne le mec au camping.

Ses copains et copines nous font la fête ? 

Chris a envie de rester, de sortir en boite et de draguer !

On reste deux jours…Le temps pour mon pote d’emballer une jolie Nîmoise…

J’ai pas la cote cette année 

Le six, le mec sympa nous conduit non loin de la frontière espagnole…

Nous avons été  contrôlés par des douaniers soupçonneux… 

Beaucoup de beats attendent d’entrer ??? 

Le stop marche pas trop mal…Mais, toujours de petites étapes.

Premier arrêt : Playa de Aro et le camping Cala Gogo…

Le terrain est en terrasses, un escalier de pierre descend vers la mer et une plage de cailloux.

Beaucoup d’allemands, de scandinaves…Quelques anglais.

On installe notre matériel sous l’œil de deux nanas…

Pam et Gail sont scottish et cela se voit !

Cheveux légèrement roux, tâches de rousseur, des yeux bruns à faire craquer le mâle qui dort en moi !

Elles voyagent avec leurs vieux, sont en caravane…Ce soir ?

On se reluque avec Chris !

On va se régaler ?

Chris embrasse Gail avec passion…

Je tiens la main de Pam…Je suis heureux de l’avoir rencontrée…

Elle sent bon et  j’en deviens amoureux.

Mais, j’ai voulu faire le malin, j’ai bu du whisky espagnol !!!

Oui ! Celui qui est dégueulasse et qui fabrique des trous dans l’estomac !

Sur la plage, au lieu de peloter ma jolie écossaise, j’ai gerbé tous mes boyaux…

Elle m’a nettoyé le visage, m’a déshabillé, bercé et je me suis endormi !

Chris semble avoir conclu avec Gail, mais dans mon sac de couchage !

Je vais schlinguer le poisson !

Chris m’a félicité pour ma tenue hier soir ?

Faut que je retrouve Pam, elle m’a laissé quelques photos et son adresse à Aberdeen.

Course-recherche dans le Cala Gogo…

Chouette, j’ai retrouvé ma jolie rouquine : faut que je l’embrasse ?

Oui !

Elles repartent ce soir vers la France !

Je suis frustré, je suis raide  amoureux de Pamela Maxwell…Je veux la revoir !

J’ai envie de plaquer Chris et de remonter vers l’Ecosse par mes propres moyens !

Elles sont reparties, je garde sur mes lèvres la légèreté de son baiser ?

J’ai promis de la rejoindre à Aberdeen fin des vacances !

Je tiens toujours ma parole !

Lloret-de-Mar ?

Je connais, déjà des vacances avec mes parents !

J’y ai vu le groupe de rock batave : Tony Ronald Y sus Kroners !

Barcelone et ses ramblas !!!!

Une grande town !

Une merde de ville à transiter à pieds et avec un sac sur le dos…

Stop jusqu’à Tarragona …R.A.S.

Valencia et sa divine paella non loin du port …

Chris a dragué une anglaise qui descend en bagnole jusqu’à Malaga !

Malaga ! Chouette cité, on loue des camas ? De vieilles prostituées vendent leurs charmes ?

Chris s’est débiné ?

Moi, j’ai trop envie de troncher une femme !

C’est une quadragénaire, moustachue, de partout ! Mais elle baise bien !

En réalité, c’est elle qui a tout fait ! Et, elle m’avoue qu’elle a joui ?

A voir ?

Malaga-Algésiras : en train…On roupille ! 

En 1967 j'étais aussi en Espagne ( deuxième à droite avec les rayures verticaales) dans ce fameux camping entre Playa de Aro et San Feliu; les freaks envahissaient la Costa brava mais aussi les îles Majorque ou Ibiza.



Le commentaire de Croc:

Arrivant de nuit à Callella, nous avons dormi sur un coffrage identique non loin de  la gare Renfe...C'était pour éviter les clébards et les rats !
Nous avons été servis,  toute la nuit on a veillé pour ne pas se faire bouffer les quilles ! Un bon souvenir quand même !
San Feliu de Guixcols, Playa de Aro, Lloret de mar et Callella étaient les antichambres de Formentera ? Avec vente de son sang à Tarragona !
Toute une époque !

CROSS ROAD COBRA ( 1971 )

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Premier jour ( Extraits):

Pont du périphérique. Porte de Choisy. 8 H; du mat'

Double dose de dentifrice. Pull marin, jean et tennis blanc.

La fille devant, le pouce levé. Le mec en retrait dissimule les sacs à dos et les duvets contre la balustrade. On est le premier couple juste après la station-service.

14 H. Sur l'aire de repos d'un restoroute. Paris-Lyon d'une seule traite comme dans un rêve.

Le couple de quadras qui nous a descendus déjeunent. Ils nous reprendront ensuite pour nous déposer à Avignon. On grignote un paquet de gâteaux sur une pelouse en buvant le café fadasse du distributeur automatique.

Retour du chauffeur et de sa femme. Pépites de dialogue à la con, le premier contact, ça donnait ça:

–        Vous faites quoi ?

–        Etudiant, comédienne.

Etudiant, c'est toujours chaud. Schéma habituel: chevelu= gauchiste!

Le spectacle, ça c'est bon ...du rêve... des références culturelles, des acteurs de ciné, de télévision et les kilomètres qui défilent, défilent...

–        Colombo, Gabin, Paul Newman, les chiens de paille et même le gendarme en ballade. Roulez carrosse !

La digestion est plus raide. Silence. Regards libidineux dans le rétroviseur. Vont-ils nous proposer une partouze dans un bosquet ? Rien. Ils mettent la radio. Sauvés par radio-Luxembourg. Charles Trenet chante: On est heureux nationale 7..!

à suivre...

à suivre...  à suivre