DOUBLE RIDEAU ...
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Le 30 août
1992 Nirvana donne un concert mythique à
Reading.
… In Reading gaol by Reading Town
There is a pit of shame…
… Dans la
prison de Reading à Reading
On peut
voir une fosse infâme…
Krist
Novolesic, le bassiste, pousse un fauteuil roulant jusqu’au micro ou Kurt
Kobain, vêtu d’une blouse blanche prononce quelques mots dans une mise en scène
minimaliste aussi médiocre que le traitement volontairement abrupt des images
du film Last days de Gus Van Sant.
- Bon alors ? Tu lis Oscar Wilde ou tu regardes Paranoïd Park ? Décides-toi ? Je
double le son du DVD de Nirvana avec le CD sur la platine du salon !
Des mots d’infirmier ou de chimiste ?
Le
fauteuil de profil. Un gros plan des roulettes. Une chaise électrique, tu y
penses, toi aussi… Une scène trop vide, trop grande, pas vraiment une scène car
le spectacle les trois musiciens, ils s’en foutent .. ! Le GRUNGE, tu
sais, c’est la pourriture sous les pieds. Vise l’état de délabrement de ces
mecs ! Des champignons entre les orteils, les chaussettes trouées; ça fait
longtemps qu’ils pissent des lames de rasoir sur le Glam, pas leur trip, les
paillettes, les changements de redingote et le blues pour souffler…
On ne
verra jamais le public ; juste une masse, un trou noir…
… And in it lies a wretched man
Eaten by teeth of flame…
… C’est là
que gît un misérable humain
Dévoré par
des dents de flamme…
Paroles apathiques dans la distorsion… Saturée /
saturnisme / Saturne … du plomb dans l’énergie.
L’électrolyte et ses acolytes nous délivrent
une galvanisation thérapeutique de première classe inversée : courants
alternatifs tryphasés-polyphasés … Amphés Purple Crew : You can be my
partner en lambeaux ( en grunge dans le texte )… Kurt saturé, coupé de brusques
déchirures, salive une scierie mécanique aux grincements réguliers, étincelles
bleues-rouges-grises…
Une camisole chimique pour la dernière idole du
Rock N Roll !!!
Et le crétin danse… Danse ? Se trémousse, sautille, s’essouffle. Y’ sors
d’où cet abruti ? Casse-toi de la vidéo, tu m’emmerdes, tu fais tâche
entre Kurt Cobain et Dave Crohl, le batteur. Tranchez les fils de ce misérable
pantin, qu’il s’écrase au sol. Dégage morveux.. ! Va te briser les os dans
la fièvre d’un samedi soir de Seattle où tes pas de danse disparaîtront dans la
fusion de l’acier saturé… Putain, il nous parasite combien de morceaux,
ce branleur ? Tu connais pas Pina
Bausch, hey la binocle ! Que quelqu’un m’explique ?
On t’expliquera pas, Cobra, t’es trop vieux pour
comprendre…
… In a burning winding-sheet he lies
And his grave has got no name…
… Il gît
roulé dans un drap qui le brûle
Sans même
un nom pour sa pauvre âme…
Territorial
Pissing…
Voici le dernier acte. Après Kurt Cobain, il n’y aura plus rien que des
employés du Show Bizz qui se la pètent, remake, people rock star
copier-coller-remixer 50, 60, 70, 80, clonez votre décennie …
Oui, le
sorcier vous offre la cérémonie finale et un dernier morceau pour rendre
hommage aux maitres de l’énergie, aux WHO et à Hendrix confondus en un hommage
tragique comme une parodie…
Flambez
guitares, éventrez les tambours, lancez les cymbales comme des boomerangs
tranchants ! Jouez l’hymne ! Décapitez le cirque musical ! Il
n’y a plus d’avenir car il n’y a plus d’instruments pour célébrer le
rituel ! Casser les instruments de musique pour interdire les deux, trois
rappels programmés des tournées des stades des géants du Star Système.
Le rock est acéphale ; sans chef, sans
leader, sans fond de pension… Voici la fin, la vraie, the END, celle de Jim M le maudit, en un larsen assourdissant
qui finit par s’éteindre comme les braises d’un feu trop ancien… Vapeurs,
pressions, saturation du sang, plus d’oxygène …
Tympans crevés, le fauteuil roule vers l’asile
d’aliénés… VIDE.
… And all men kill the thing they love
By all let this be heard …
… Or
chacun d’entre nous tue ce qu’il aime
Que chacun
l’entende sans fard …
Kurt COBAIN est mort en Avril 1994.
Il
voulait réaliser la saturation. Un supplément de musique est inutile. Tout est
dit. La saturation est réalisée.
Toute tension donc toute anxiété a disparu,
c’est l’autre rive, le séjour immuable : le NIRVANA !
Léon COBRA / 10/05/2010 22:33
Oscar Wilde : Ballade de la geôle de Reading / 1897 / Extraits /
Nirvana LIVE
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