ACIDE ...
La redescente en trolleybus… M’avait foutu des fourmis
rouges dans le cœur, fallait que je coure au moins 6 kilomètres d’eaux et
forêts à la pulsion… Sérieusement amphétaminée la pilule rosâtre de Suzy crème
de Gruyère ! et moi qui speedait en banlieue après les visages rougis et
craquelés par le froid… Impasse du Cimetière / Garage de la
Liberté la Jerry Rubin la
Cité-Ghetto. Les
Une belle journée givre-gel, la lèpre du froid, les bouts de
doigts qui fondent doucement larmes à gouttes… D, dérisoire, monde
désaxé, absurde, j’éclate de rire à vous voir jouer le Jeu, de face, de profil,
par la raie du cul et même avec un masque à gaz si la pollution atmosphérique
le nécessitait…
Vous êtes moches, vous êtes cons mais si drôles. Lâchez tout
que ça devienne irrésistible ! ça m’étonne que l’on ne m’aie pas fait
payer mon fou rire en me distribuant une bonne correction… Ouais, vous m’avez
raté mais moi, je me suis vraiment fendu la gueule ; quel spectacle !
Pinocchios désarticulés, Goyas grotesques, pouffiasses enturlubandées à leurs
maris tout ronds, ils patinaient sur les trottoirs avant de disparaître dans
les bouches d’air chaud ou dans le ventre des cafétérias Prisu-Drug… à quelle
mort allons-nous ? Voyez comme je rigole, je rigole à sanglots… ¾ Parodie… Sweet parodie !
T’as vus les cercles rouges ? Ouais mec, j’ai des hallus. Pas prêt pour
l’embrigadement cosmique Secte Hair ! Ouais, j’ai vu vos gueules un
dimanche après midi, c’est vraiment terriblement défonçant !
Soyez un peu charitables, pensez aux autres, hein, juste un p’tit effort, changez vos gueules ou alors gardez les mais prenez une petite pastille, un petit buvard, pour vous marrer avec moi. Hein, ça serait sympa ? Communion lysergique comme dit le Guru Tym… Que dalle !!! Allez quatre tranches de bidoche bien maigre, les palissades derrière lesquelles on cache le bidon-ville en attendant l’installation du grand centre commercial Galaxie-Crédit. Véloce, nerveux, ça gondole : ¾ parodie… Douce parodie !
Où aller, où ??? Dans chaque maison, la même chaine
télé, l’heure du digestif, photographies des marmots devant le bonhomme de
neige gris-caniveau… Regarde comme t’es bien déguisé ! Regarde le monsieur
comme il est gentil ; il arrête pas de rigoler ! Qu’est-ce-que-je me
marre… Voilà j’ai au moins six pieds et à chaque fois que je les compte
j’invente une nouvelle danse… ¾ Parodie…
douce mélodie… faudrait leur dire qu’on arrive même pas à s’articuler deux
mots, se dire l’essentiel en un regard… Ouais, je sais, j’ai l’œil acide, les pupilles dilatées, j’suis pas bien
rasé pour un week-end et mes cheveux sont décolorés au henné… Ouais, je sais,
c’est pas un critère de santé mentale mais je rigole, j’suis sympa ,
Non ??? Vous n’ me trouvez pas sympa !
Dommage, ça carillonne dans ma cervelle, une sèche coincée
dans la narine qui saigne cendres à cendres… Les oreilles qui transpirent, mes
jambes qui se dérobent… Le cul sur un radiateur, on peut se serrer la main tout
seul ! Aller où ? , Où ??? Deux freaks me font un signe, je me
mets à parler anglais mais vraiment si mal qu’ils se barrent à toute allure…
Néons, flipper, juke-box… Ils ont de la colle dans la bouche
comme dirait la caissière moustachue du Granul-Ovul-Kafé en me bazardant ma
monnaie sur le coin de mes cernes… Mieux vaut en rire… 1 ,2 ,3… Parodie, Sweet parodie… Rions tous, armée du
rase les murs en attendant qu’on rase l’armée ! Ouais, ce film là, ça
m’étonnerait qu’on le tourne de mon vivant…
Aujourd’hui, je suis moi, essayant d’attraper quelqu’un pour
lui parler… en vain ! J’aurai mieux fait de me défoncer loin de vous. On
trippe mal au milieu des inconnus et faut toujours prendre un taxi qui nous
jette dans notre trou !!!
Je cours après une poussière. Est-elle consciente de son
rôle de poussière ? Ouais, elle est absolument dérisoire… poussière à
l’ère de l’aspirateur et des robots mécaniques !
¾ Parodie… Sweet,sweet mélodie… Ecoute, Emile, j’serai bien allé te
voir mais tu t’appelles pas Emile et puis j’en ai marre de toujours chercher
les gens à leur adresse surtout qu’ils n’ont vraiment aucune raison d’y être ! Vraiment aucune… Allez, j’me
tappe deux cartoons ! Quelle rigolade !!! Moins marrant que dans la
rue mais je m’écartèle de rire, je vomis des rires, j’en fous plein la salle de
ciné et les spectateurs se mettent à rire aussi. Gosses, femmes, papa-tiercé,
grand-mère enzymes tombent robes, pantalons et cache-sexe et hop on rigole
ensemble le cul dans nos rires. COMMUNICATION = DEFECATION ! Kasernes,
lampions, béton à la pression, négatifs de films censurés, j’vous disais que je
cherchais un endroit où tout voir sans âtre vu alors j’suis rentré dans ma
piaule et j’ai pris mes jumelles…
J’me marrais un peu moins, je toussais un peu plus et la
parodie était morte sous l’essence et les disques rayés. La dose était trop
forte ; amphétamines, tromblon, drapeau de la CNT
- Ouvre la porte pour nous recevoir !
J’allume la lumière, je barricade ma lourde.
Speed, spin, speed… Je sombre sous un deuxième valium.
Demain il ne faudra pas oublier de protéger sa détresse avec
un deuxième verrou !!!
Cobra / Janvier 1971 / Texte publié en 1978 dans le périodique Le Crayon Noir N°22-23 / Les graffitis de l’ombre /