Guadeloupe ...
... et demain ?
La situation en Guadeloupe
Ici, la situation se complexifie. Plusieurs éléments :
- La tenue des états généraux initiée par N. Sarkozy, pilotée (sous forme
d'une dizaine d'ateliers) par Richard Samuel, et qui fera l'objet d'une
synthèse en septembre, synthèse qui sera présentée au conseil ministériel de
l'Outre-mer.
- La tenue d'un congrès réunissant idéalement conseil général, conseil
régional, élus, membres de la société civile (associations, syndicats,
universitaires) dont le but serait, outre celui de faire le point,
d'organiser une consultation de la population sur un "Projet de société
pour
la Guadeloupe".
- L'importance du LKP qui, fort de sa réussite, n'entend pas baisser les
bras, particulièrement au mois de mai (qui est "traditionnellement, un mois
de revendications"). Car en fait, même après la signature (et
l'élargissement) des accords Bino du 4 mars, certaines grèves continuent
(les Pompiers de l'aéroport, Orange, les contrats aidés), les 200€ ne sont
toujours pas versés, etc...
Donc : TROIS FORCES EN PRESENCE dont chacune entend défendre les intérêts de
la population, ses intérêts et ses perspectives, son avenir. Dans la clarté,
bien entendu, et de la manière la plus démocratique qui soit.
Après le peu d'enthousiasme suscité par les états généraux, le Congrès, qui
devait se tenir jeudi dernier à Basse-Terre est reporte sine die. Une foule
de partisans du LKP a envahi les lieux, faisant suite à la manifestation du
matin (plusieurs milliers de manifestants) qui avait défilé dans les rues de
la préfecture. Le LKP entendait faire pression pour que les accords signés
soient respectés. Elie Domota affirme : "Si i fò baré, nou ké fèy".
Dans un
interview à « France Antilles » (du 09-10/05), il affirme que "l'accord
Bino
a été torpillé par l'Etat", il dit que les élus sont en faillite et que
"la
démocratie directe à travers le peuple s'exprime". Faut-il remettre en
question la légitimité des urnes au profit de la légitimité de la rue ?
Est-il bien raisonnable de titrer : "Coup d'Etat du LKP au Congrès" ?
A mon
avis, chacune des trois forces en présence (Etat, élus, LKP) entend diriger
l'avenir de la Guadeloupe. C'est un rapport de force qui ne peut trouver de
solution raisonnable, viable, autre que constitutionnelle. Je n'ai pas parlé
du MEDEF, quatrième force qui n'a jusque-là défendu que ses propres
intérêts, et attend de tirer les marrons du feu (si marrons il y a). Même si
ma sympathie va vers le LKP, force est d'admettre qu'il serait grand temps
que chacun dévoile ses véritables intentions.
Car on a l'impression que la tenue d'un Congrès (à majorité de Gauche)
visait principalement à torpiller les états généraux, Congrès lui-même
"empêché" par le LKP. Qu'en pense le peuple de la Guadeloupe ?
J'ai bien
peur qu'il n'ai pas envie de revivre les 40 jours de blocage et de
privations qu'il a vécus. Ce serait trop cher payé pour sa fierté !
Le LKP a-t-il signé trop vite les accords Bino ? La démocratie populaire qui
s'était imposée de façon exemplaire devait-elle organiser immédiatement ses
propres états généraux ? Dénoncer le rideau de fumée mis en place par
l'Etat, c'est reconnaître qu'on s'est fait avoir...
JPP
de notre envoyé spécial Jean Pierre Planque
@ suivre...
illustration: Kathleen Scarboro