HAUTE TENSION (2) ...
... dans la nuit électrique (2)
Haute Tension
200 pages plus tard…
( Clip de FIN )
Cheveux gominés plaqués en arrière, grosses lunettes noires
à monture blanche, fine cravate de cuir noir sur une chemise coquille d’œuf,
étoile de lune dans le lobe de l’oreille gauche, Herbert est égal à lui-même,
raide défoncé, il marche au radar. Sa belle prestance est de courte durée. Il
se tord une cheville, dégringole de ses talonnettes et s’affaisse le long du
rideau de fer de la
Laiterie Parisienne
Deux énormes pneus noirs dansent sous ses yeux. Une trainée
blanchâtre macule les bouteilles vides qui attendent la livraison du petit
matin… Il rampe jusqu’aux casiers… Une paire de boots en lézard entre dans son
champ de vision ; il lève péniblement la tête et reconnaît son petit
copain… la main gantée de Walter relève Herbert et le porte vers l’entrée du
Big JaK. La pluie redouble. Je quitte ma planque et leur emboite le pas…
Le Juke Box toussote, vrombit, explose… Walter traine
Herbert dans le snack et l’installe sur un tabouret bleu nuit face à la glace
murale… Il glisse sur la table haute recouverte d’une pellicule de graisse
poisseuse et plonge du nez en avant au milieu des mégots éventrés dans les
gobelets vides… Des papillons gazeux éclatent dans sa tête dans un
bourdonnement d’acier blindé. .. Une coulée de bave pointe aux commissures
de ses lèvres et se colle au formica comme l’écume nuptiale d’un escargot de
Bourgogne en train de dégorger dans un bocal de sel… Walter verse le Gin Soda,
goutte à goutte sur les glaçons teintés… Effervescences… Ronald l’a
reconnu ; il tilte le flipper et le rejoint dans le coin gauche de la
salle juste sous les affiches des concerts des Bains. .. Quelques billets
usagés changent de main. Il lui refile un sachet de poudre blanche … Le ketchup
dégouline sur les hamburgers… Herbert refait surface et disparaît gerber dans
les toilettes… Le téléphone résonne au sous sol. Le petit serveur pakistanais
décroche en roulant fortement les R… Un dernier regard sur la pendule Omega qui
marque 1 H et Walter ressort sous la pluie ouvrant un vieux parapluie noir au
manche acajou… La rue Saint Denis disparaît derrière lui. Un bref coup d’œil
circulaire, il remonte le col de son Trench et sprinte jusqu’à la station de
taxi la plus proche… maintenant c’est à
moi de jouer. Ma vieille Citron
démarre dans un râle d’acier enroué, j’enfonce la K
COBRA / Extrait / 1978-1980.