PRELUDE
SUR LA ROUTE ( 1 )
Cap'tain Apogée et Léon Cobra dans la cour de la Sorbonne début janvier ( photo Bratu )
Je dédie ce Kabul Express Revival à JLT alias Cap'tain Apogée, natif de Cherbourg et ami d'enfance de Rockin'Yaset du Quetton. Nous avons vécu la Grande Route, la même année, à 22 ans, sans jamais nous croiser. Comme des centaines de jeunes français et des milliers d'européens, nous allions tout au bout de nous mêmes, tout au bout de l'Utopie, Eden Miseria...
Le hasard nous a réuni 30 ans après.
Je sais, mec, que tu traverses en ce moment une sale période. Reçois ce carnet de route comme un soutien sincère. Bien à toi, avec toute mon amitié.
Quand il
quitte son foyer pour prendre
la Route
, le Sâdhu célèbre son rite
funéraire.
Il va
devenir l’un de ceux qui ne sont plus personne.
SACRIFIER = RENDRE SACRé
Carnets de route ( extraits )
6h du
matin. Gare routière d’Erzurum.
Il fait
froid. On est au Kurdistan, à presque 2ooo mètres d’altitude. Au loin la cime
des montagnes nous nargue.
La nuit a
été brève et douloureuse : la chiasse et un début d’angine …
Normal après les 48heures passées vautrés par
terre dans les couloirs du train omnibus Istanbul-Erzurum à fumer, bouffer et
boire tout ce que nous proposaient les marchands ambulants.
- Chaï !
- Iki ?
- Dört !
Je passe les verres à Joëy, Dominique et Claudius. Le thé brûlant nous réchauffe l’intestin. On attend les autres. Il faut reconstituer la Horde.
Trois types
arrivent. Des français, décavés, dyssentrisés, fébriles, moussonisés, pijamas
de Bénarès d’une saleté répugnante, amaigris, le visage brulé par le soleil du
désert, ils rentrent d’ Inde.
Ils
chargent leurs bagages sur le toit du bus qui regagnent l’Occident.
Nos regards
se croisent. Brillance intense.
- Tu es cela. me dit-il en me donnant son livre,
énigmatiquement.
- T’en fais pas, plus loin, tu comprendras.
… Comme le serpent de sa peau tenace, le jet d’or du Soma jaillit des poussières meurtries à la façon d’un coursier qui s’élance… Comme le serpent se dépouille ainsi se dépouille-t-on de son propre mal…
Une rue de Téhéran sous le règne du Chah d'Iran qui quittera le pays en 1979.