Yves Frémion a participé au magazine Actuel, canal historique puis a édité Le Petit Mickey Qui N'a Pas Peur Des Gros, un fanzine où s'éclataient toutes les stars de la BD.

Actuel

C'est au Mickey Maousse que l'on doit aussi l'Amicale Laïque des Petits Merdeux, véritable syndicat de la presse libre française. Parmi cette vénérable bande de branleurs, on notait la présence de Haga, Apiniou-Falatoff, le Rictus Occitan, la Presse Pirate et le Tréponème Bleu Pâle pour ne citer que les plus éclatés. ( éclatants).

Le_Petit_Mickey_N_11


 

Yves Fremion collabore aussi depuis 26 ans en qualité de journaliste à la revue Fluide Glacial sur différentes rubriques, a été député Vert Européen, a réalisé plusieurs ouvrages critiques sur le monde de la bande dessinée, dont certains sont devenus des livres de référence (exemple : L'ABC de la BD). Actuellement, il est Conseiller Régional Vert d'Ile de France et directeur d'une petite structure d'édition " Les ateliers du Tayrac".

 

Petit_M

Voici cinq poèmes inédits du père Ivan alias Théophraste Epistolier; ça fait plaisir de lire un député qui écrit ce genre de prose... Pas vrai ?!?!

 

TA MERE...

 

 notre-dame de la Garde

 étron d’idéologie pure

 bousé sur la colline

 pierres moches inscriptions obscènes culte immonde

 que venge le hasard :

 en arrivant par le côté gauche

 le texte du fronton : “voici ta mère”

 ne se lit qu’en partie

 “voici” est caché par le montant de la porte

 ne reste que “ta mère”

 comme un tag

 comme une injure d’ado

 on y rajouterait

 “en slip devant l’église”

 que le lieu commencerait

 à devenir intéressant...

  prévenons illico le

 syndicat des tagueurs...

 

  Marseille, Paris

  Déc 1995-Fév 1996

 

 

LOIRE DIMANCHE

                                                         

 
 Le dimanche est doux

 et la vie paisible

 la cloche fait du foin

 appelant les crétins

 la centrale est fière

 fumante et nucléaire

 même les orties piquent

 et la pompe électrique

 bruyante assèche le ruisseau

 éteint le chant des oiseaux

 l’exploitant avec son maïs

 couvrira tant d’hectares lisses

 que le paysage s’ennuie

 les chats trop nourris

 mangent les lapereaux

 empêchent les moineaux

 de picorer les miettes

 la nature est en fête

 

 le dimanche est doux

 et la vie paisible

 les filles disent non

 à tous les garçons

 à toute tendresse

 préservent leurs fesses

 la Loire coule tout près

 pas même vers le Sud et

 je n’ai pas écouté la radio

 où l’horrible est tout chaud

 

 le dimanche est doux

 et la vie paisible

 ça pourrait être pire

 ça pourrait être pire

 ça pourrait être pire...

 

Lestiou, Paris

 Avr 1996

 

 

 

ORIENT SALE

 

 jamais finie jamais offerte

 la métropole se prélasse

 au soleil prudent

 quartiers rasés quartiers salis

 résidences inachevées

 ruelles tordues vieux minarets

 échoppes avachies des souks

 immeubles standing des héritiers

 on a coupé la ville de sa mer

 la cicatrice de bitume cingle

 le sol comme les sirènes le silence

 capitale blessée

 blanche blanche immaculée persistante

  dont même les muezzins n’osent

 psalmodier avant la nuit

 car elle persiste et demeure

 de ruines, de sable et de poubelles

 que colore seule

 la peau sombre des vendeuses de henné et de musc

 éclairs doux du printemps tiède

 que hantent marcheurs, fidèles et nonchalants

 les uniformes seuls s’excitent

 dans l’univers qui ne leur a rien demandé

 

 

Tripoli

15 Avr 1997

 

 

 

 

 

Fremion_14_mai_07

 

 

 

 

TERRASSE

 

 aux terrasses des cafés

 enlézardés de soleil

 les buveurs en oublient de boire

 saturés de rencontres

 endormis de leurs insomnies

 ils écoutent en le reprenant

 les refrains des chanteurs de rues

 s'assoupissent sur le journal

 se bécotent quand ils s'aiment

 et jettent des regards commissaires

 au s.d.f. vendeur de papier

 qui désespère

 au soleil des terrasses

 y a des gens qui vivent et boivent

 et qui attendent des printemps déjà fleuris

 qui sommeillent dans leurs veines

 qui battent sous leurs crânes

 aux tempes anesthésiées

 

 aux cafés du soleil

 y a des chants de soleil

 qui allument des soleils

 tardifs dans le regard-soleil

 des filles solaires

 

 aux terrasses des cafés

 où geint le palpitant du monde

 on ne trouve pas la réponse

 aux petites et grandes misères

 on y humera seulement

 quelques minutes

 l'odeur du voisin non choisi

 on y soutiendra le regard de l'autre

 complice ou hardi

 malicieux ou avachi 

 qui rend la bête moins molle

 et le crétin presque fréquentable

 

 aux terrasses des cafés

 il fait bon cheminer

 assis longtemps

Avignon

18 Juil 1997

 

 

VITE VITE

 

 

paris d'écriture

limites de temps

phrases brèves mots abrégés

vite-vite

se donner l'interstice entre

départ du texte et

arrivée du rendez-vous

où se clôt le poème

o-bli-ga-toi-re-ment

sinon…

  gare !

l'inspiration partie

le style varie

tout fout l'camp

et c'est cuit

 

aïe aïe aïe

ne pas repasser sur

les phrases

métaphores, expressions

ne pas épaissir les points des i

vite-vite

le poème va finir

et je ne l'aurais pas commencé

 

Bruxelles, "Ultime atome"

2 Fév 2001

 

 

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