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Le Tréponème Bleu Pâle
26 octobre 2007

AMOUGIES 69 ( Part 3 )


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dans la gadoue d'AMOUGIES


Marie portait la caisse claire, je la suivais transportant le tome alto. Marc finissait de clouer sa grosse caisse sur le bois de la scène. J’avais revêtu une ample djellaba noire au col de broderies blanches qui traînait dans un coin des coulisses comme Mick Jagger en Mars 1966 à l’Olympia. J’me prenais les pieds dans les pans du vêtement ; pas vraiment pratique pour escalader le podium. François Garrel branchait ses pédales. Les guitaristes s’accordaient. Annonce du speaker… maigres applaudissements… douze secondes de plomb… La tension est extrême, palpable ; l’adrénaline céleste. On s’est reculé à l’arrière de la scène. Marie salue Jérome Laperrousaz et son équipe qui filme déjà.

 

AME_SON_Flower_POP

 
AME SON : FLOWER POP

Hameçon, Ame Son ,  le fils de l’âme ??? On connaît pas ce groupe .. !

 

 Noir… juste le bruit des baguettes de Marc donnant le tempo… Lumières… Septième Temps Clef… La basse vrombit, la batterie cogne, la flûte s’envole, la guitare déchire… Seventh Key Time… éclosion des éléments qui s’enchaînent… eau, terre, air, feu… Alchimie des éclairs, tourbillon de cascades, nœuds dans l’éther, une plainte déchire l’espace et le temps… Cri de la naissance. La voix de Marc survole la lame de son : I just want to say . Pari gagné ! Ils n’ont pas tremblé et le public vibre. Le rythme assymétrique s’estompe, ralentit… nous ne serons qu’un quand viendra la fin… une phrase répétée jusqu’à son paroxysme… orgasme sonore en français… Arrêt impeccable, tranchant… Souffle coupé, le public désarçonné tarde à réagir… Silence- pupille, les premiers applaudissements suivis d’autres plus nourris, plus chaleureux. C’est gagné, l’affaire est pliée, ils n’ont plus qu’à dérouler l’album Catalyse… on était allé les rejoindre à Londres avec Nathalie Nell pour l’enregistrement d’une partie de leur 33 tours juste au début du mois. Patrick Fontaine conduisait une déesse 19 couverte de PV. Une facture que nous avons laissé à la Perfide Albion pour protester contre la dissolution des Beatles… Les titres s’enchaînent : chrysalide, unity, comme est morte l’évocation, de quelle tribu es-tu, le mal sonne… je plonge mon regard dans l’assistance. Au troisième rang, j’aperçois Ronald et Marie Laure, valeureux rescapés du camping, qui mitraillent zoom Zen ; à quelques Nikon de là, Jérome Laperrousaz filme encor et toujours… Fausse sortie. Un rappel… Ame Son termine par à coup de hache. Le monde change, vacille… les tables tournent, les sables mouvent… Charles Manson et sa secte de déments assassinaient Sharon Tate sur les collines d’HollyWood après avoir écouté sous acide Helter Skelter des Beatles. Sur les murs en lettres de sang Pigs… ces pauvres flippés déchiffraient des messages subliminaux dans les textes du White Album… Les sabres ouvrent, les tarent bougent…

 

Les quatre musiciens saluent : merci. Merci à toutes et à tous . Peace. A bientôt.

 

AmeSonG

Philippe Garrel,flute et Marc Blanc, guitare.

 

Supplément d’AME : Petit morceau de bois, qui, placé dans l’intérieur d’un instrument à cordes, communique les vibrations à toutes les parties de l’instrument. ( Latin : anima)

Bande SON : sert à l’engraissement des animaux de basse cour. (Latin : sonus)

 

 ++++++++++++++++++++

 
Epilogue.

 L’année 1969-1970 ( j’ai toujours pensé en année scolaire et non civile ) s’est terminée en apothéose ou en cataclysme… Tout est dans tout et inversement comme disait le Guru Tym.

 Le vieux tube Citroën n’a pas terminé sa carrière en frites-merguez au camping de la Pinède ou en plats cuisinés chez Momo, avenue de la mer. On avait pourtant caressé ce projet saisonnier avec Marc. Il a cédé la place à un sémillant mini bus Volkswagen, la fourgonnette hippie par excellence.

Marie Rivière relayait souvent Patrick au volant du mini bus. Le groupe a tourné de MJC en festival avec Jacques Dudon en première partie. Il jouait en open, la guitare sur les genoux.

J’ai abandonné progressivement mes études pour devenir un marginal. Je lâchais la proie pour l’ombre. Pour le plaisir, je suivais encore deux cours à Censier ; avec Jean Maitron, le mandarin du syndicalisme révolutionnaire ainsi qu’une unité de valeur exotique consacré aux sociétés secrètes en Chine, un épisode inédit de Tintin et le Lotus Bleu.

Jack Kerouac et Brian Jones ont ouvert la liste des cadavres exquis, premiers de la classe J comme… junky.

 

 

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 Joey Faré, Nathalie Nell, Marie Rivière.

 

Enfermé dans ma piaule, j’enchaînais les nuits blanches au rythme du solo de batterie de in a gada da vida de Iron Butterfly, fumant un mélange sucré de H et de Clan dans une bouffarde en écume de mer. Je réécrivais la Saison en enfer et les Illuminations sur une vieille machine à écrire récalcitrante, des centaines de feuillets. J’ai détruit toutes ces pages dans un accès de déprime quelques années plus tard. Je le regrette aujourd’hui.

Début Juillet nous avons fait le grand saut avec Joëy Faré : un aller simple Istanbul et un billet open Bombay-Paris ! Nous sommes partis tout au bout de La Grande Route, au pied du toît du monde. De repaires en repères, Pudding Shop à Istamboul, le Bagdad Hôtel à Téhéran, le Najib Otel à Kabul, l’Oriental Lodge à Katmandu , nous suivions les traces des précédents pour nous perdre et nous découvrir. Nous fracassions notre couple, nos egos, nos jalousies, nos désirs aux réalités glaciales du quotidien.

Après la froidure d’Amougies, Ame Son a vécu la canicule de Biot. Autant l’automne fut une réussite, une immense communion entre public et musiciens, sans flic, sans S.O. musclé, sans arrière pensée, autant l’été fut un fiasco, stars obnubilés par le fric, organisation défaillante et groupuscules infantiles . Ame Son et Gong firent honneur à leur réputation mais Biot périclita ; un véritable gâchis et ce n’était que le début. Marcellin reprit la main. Il interdit les maos et les festivals de Pop Music pourchassant impitoyablement toute contestation politique, artistique et même capillaire. Le pays était coupé en deux, l’après Mai allait mettre dix ans à se cicatriser…

Une inscription bombée sur la vespasienne du boulevard Arago le 31 décembre 1969 résumait bien notre état d’esprit … Nos cheveux ne seront jamais aussi longs que notre dégoût… ( signé le Freak Inconnu )


 

Caddy_69

L’amer du Nord… JJB alias Caddy alias Léon Cobra en 1969.

 


Gadougies FIN Gamougies






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